Deux techniques existent pour détruire le caillot de sang dans le cerveau. Mais moins de 5 % des 130 000 personnes victimes d’AVC chaque année en France en profitent.

Une minute de perdue, ce sont deux millions de neurones en moins. « Time is brain » comme disent les Anglo-Saxons (le temps… c’est du cerveau). De la précocité dans l’administration des traitements dépend en effet le succès de la récupération. Deux techniques sont disponibles. La première et la plus ancienne, la thrombolyse dite aussi fibrinolyse, est chimique. Elle consiste à administrer par voie veineuse une substance (rtpA) provoquant la fonte du caillot à l’origine de l’accident vasculaire cérébral (AVC). La seconde, la thrombectomie, est disponible depuis environ cinq ans. Purement mécanique, cette opération dite de radiologie interventionnelle consiste à introduire une sonde par l’artère fémorale et la faire remonter jusqu’aux principales artères du cou (carotides) pour la disposer au plus près du caillot. Ce dernier est alors retiré par le biais d’une grille déployée par la sonde qui est dotée — ou pas — d’un micro-aspirateur.

"Elles doivent être utilisées dans un délai inférieur à six heures après l’apparition des signes cliniques"

Seul bémol : dans moins de 10 % des cas, le caillot est situé dans une zone inaccessible du cerveau et le geste ne peut alors pas être pratiqué. Ces deux techniques, qui peuvent être associées, ont une limite majeure : « Elles doivent être utilisées dans un délai inférieur à six heures après l’apparition des signes cliniques de l’AVC », martèle Bertrand Lapergue, neurologue à l’hôpital Foch de Suresnes (Hauts-de-Seine). Passé ce délai, la thrombolyse provoque des hémorragies et la thrombectomie est moins efficace. Or, malgré les campagnes d’information, moins de 5 % des 130 000 personnes victimes d’AVC en France chaque année arrivent à temps dans ce que les spécialistes nomment les « stroke units », unités neurovasculaires (UNV). Avec des conséquences lourdes : trois personnes sur quatre ont des séquelles définitives et une sur trois reste dépendante. Depuis plusieurs années, un maillage national a donc été mis  en place et environ 140 UNV sont réparties sur l’ensemble de l’Hexagone. Mais cette organisation a été conçue pour dispenser la thrombolyse, le premier traitement disponible, pas le second, plus récent, pour lequel il n’existe qu’une quarantaine de plateformes indispensables à sa réalisation.  (...)

Auteur de l'article original: Sylvie Riou-Milliot
Source: Science et Avenir
Date de publication (dans la source mentionnée): Lundi, 31. Octobre 2016
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