En pleine saison d'épandage, une étude montre une augmentation de la maladie de Parkinson chez les citoyens habitant dans les régions les plus agricoles et surtout les plus viticoles de la France métropolitaine.

En 2013, la maladie de Parkinson était reconnue officiellement, en France, comme pathologie professionnelle pour les agriculteurs, à cause de l'exposition majeure de ces derniers aux produits chimiques. En 2017, un rapport alertait déjà sur les dangers des pesticides auprès des riverains. Le mardi 10 avril 2018, une étude publiée dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) et éditée par l'agence sanitaire Santé publique France, montre que le risque de maladie de Parkinson ne se limiterait pas seulement aux agricultures, mais à la population habitant dans des régions agricoles et plus particulièrement viticoles, en France métropolitaine.

Selon le Bulletin épidémiologique hebdomadaire, les maladies neurologiques représentent la principale cause d'invalidité et la deuxième cause de décès dans le monde. Parmi ces maladies se trouve celle de Parkinson. Le nombre de cas de cette maladie a plus que doublé de 1990 à 2015. Les auteurs du BEH précisent que le nombre de patients traités de la maladie de Parkinson, fin 2015, était d'environ 160.000. On compte en moyenne 25.000 nouveaux cas de Parkinson par an. 17% des nouveaux cas étaient âgés de moins de 65 ans. Les scientifiques estiment que le nombre de patients atteints de Parkinson aura "augmenté de 56% en 2030 par rapport à 2015 avec une personne atteinte sur 120 parmi celles âgées de plus de 45 ans".

Une exposition importante des riverains
90% des produits phytopharmaceutiques (fongicides, herbicides et pesticides) sont dédiés à l'usage agricole. Les agriculteurs sont d'ailleurs la population la plus touchée par la maladie de Parkinson puisque le risque est plus élevé de 10% pour eux. "Le rôle de l’exposition professionnelle aux pesticides dans la maladie de Parkinson est documenté, mais aucune étude n’a évalué l’excès de risque de maladie de Parkinson parmi la population agricole française. De plus, peu d’études ont porté sur le rôle de l’exposition non-professionnelle en population générale", expliquent les scientifiques dans leur étude.

Les auteurs ont donc décidé d'aborder la question du rôle de l’exposition environnementale ou par l'utilisation domestique des pesticides. Pour Marie Vidailhet auteur de l'éditorial qui introduit les études, "un résultat original est la mise en évidence, à travers une étude épidémiologique, d’une augmentation de l’incidence de la maladie de Parkinson en population générale dans les cantons français les plus agricoles, notamment les cantons viticoles, y compris après exclusion des agriculteurs de cette analyse. (...)
 

Auteur de l'article original: Aurélia Payelle
Source: Sciences et Avenir
Date de publication (dans la source mentionnée): Vendredi, 13. Avril 2018
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