Le trouble déficitaire de l'attention avec ou sans hyperactivité dit TDAH, très répandu, est aujourd'hui mieux compris. Mise au point par le Dr Eric Konofal*.

Paris Match. Quels signes font suspecter un TDAH ?
Dr Eric Konofal. Une incapacité à se concentrer, à maintenir une attention sélective, dirigée et soutenue (d’où une difficulté pour apprendre). Elle est associée à : 1. Une impulsivité incontrôlable, verbale, émotive, déclenchée par tout événement imprévu ou phrase mal comprise. 2. Une hyperactivité (terme ancien pour désigner ce trouble), traduite par une agitation motrice excessive dans toutes les situations, qui épuise l’entourage. Pour autant, les sujets concernés sont doués, curieux, hypersensibles, très sociaux et d’excellente compagnie.

Quelle est la fréquence de ce trouble en France ?
Il touche entre 3,5 et 5 % des enfants, 2,5 % des adultes, 5 à 7 % des étudiants, les deux sexes, même si les symptômes sont moins apparents dans l’enfance chez les filles. A l’âge adulte, les signes s’atténuent un peu (l’hyperactivité surtout).

Cette maladie est-elle héréditaire ? Comment l’expliquer ?
Ce trouble est hérité des parents (au moins un d’entre eux est atteint). Il serait dû au mauvais fonctionnement de neuromédiateurs comme la dopamine, la noradrénaline, mais également l’orexine (le chef d’orchestre de l’éveil), une substance produite par l’hypothalamus. Le taux d’orexine est effondré dans la narcolepsie, maladie neurologique rare qui provoque des attaques brutales d’endormissement. Il n’existe pas de tels accès dans le TDAH mais un dérèglement de l’éveil, d’où le manque de vigilance et de contrôle (inattention et impulsivité) : un enfant qui n’écoute pas la question posée, qui est surpris par un événement parce qu’il est “ailleurs”, répondra ou agira en urgence et de façon inadaptée. L’activité excessive correspond à une lutte inconsciente pour combattre un possible assoupissement. Café, Coca, nicotine et prescription de médicaments stimulants soulagent les sujets TDAH. Les neuroleptiques et les calmants, prescrits à tort contre l’hyperactivité, leur sont nuisibles.

Sans traitement, les échecs scolaires sont fréquents
Quel est le retentissement de ce trouble dans la vie courante ?
Il est majeur : social, familial, scolaire et professionnel. Sans traitement, les échecs scolaires sont fréquents. De même qu’une marginalisation de l’adolescent, un absentéisme au travail et, par distraction, des accidents domestiques ou sur la voie publique.

Le traitement est-il bien établi ? (...)

Auteur de l'article original: Dr Gorny
Source: Paris Match - Inserm
Date de publication (dans la source mentionnée): Vendredi, 9. Novembre 2018
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