Performance, obligation de résultat, retour sur investissement, compétition, multiplication d’activités … ça vous dit quelque chose ?

 

Cela fait un mois que les enfants ont repris l’école et déjà, les premières notes arrivent, le stress monte, le cauchemar des devoirs s’installe.
Et si cette année, on faisait redescendre la pression ? Celle que l’on se met en tant que parent et celle que l’on met sur les épaules de nos enfants.

Nous aimons nos enfants et nous voulons le meilleur pour eux. Nous voulons qu’ils soient forts à l’école, qu’ils aient le bac avec mention, qu’ils soient champions de tennis ou de natation, qu’ils excellent dans la pratique d’un instrument de musique et qu’ils parlent plusieurs langues dont le Chinois (car c’est l’avenir parait-il).

Dans cette course à la performance, il s’agit de savoir où s’arrête l’accompagnement bienveillant qui conduit l’enfant à développer ses talents et où commence la pression aux conséquences négatives ?

Certains diront qu’il faut quand même leur mettre une "petite" pression ou une "douce" pression parce que sinon c’est la porte ouverte à l’oisiveté et à la médiocrité. Nous entendons souvent les adultes dirent : « Bah de toutes façons, vaut mieux les préparer à la vraie vie ; plus tard leur employeur ne leur fera pas de cadeau ! «   Ce à quoi nous répondons qu’il n’existe pas de petite ou douce pression. Dès lors que nous rentrons dans ce système d’attente de résultats qui doivent, si possible, arriver rapidement ; dès lors que la seule chose que nous demandons à nos enfants quand nous les retrouvons après l’école est: "T’as eu des notes ? t’as eu combien ? Et quelle est la meilleure note ? " Ou encore , quand nous nous entendons dire : "Avec tout l’argent qu’on dépense en cours particuliers, t’as intérêt à faire des étincelles cette année !"  ou enfin : "Faut absolument que tu fasses S car c’est la voie royale, celle qui ouvre toutes les portes".

Quant à les préparer à la « vraie vie », nous ne jouons pas les candides pour autant. Lorsque l'on regarde la réalité du monde du travail aujourd'hui, on ne peut pas écarter le fait qu’elle est devenue difficile (pression, stress, incertitudes quant à l'avenir, etc.).

Doit-on, néanmoins, habituer les enfants très tôt à souffrir et leur faire porter une pression dont les conséquences seront du mauvais stress et une perte de confiance en soi qui va les fragiliser ? Ou, doit-on, au contraire se dire que pour être préparé à affronter plus tard des épreuves difficiles, il vaut mieux les avoir outillés, avoir renforcé leur estime d'eux-mêmes et la confiance en leurs capacités pour les aider à devenir des adultes mieux armés et responsables de leur bien-être ?


Imaginez juste un instant ce que vous ressentiriez si tous les jours votre boss, au boulot venait vous voir et vous disait : "Bon alors c’est pour quand les résultats ? Vous avez réussi le dossier truc ? Avec le salaire qu’on vous verse, vous avez intérêt à être bon cette année, sinon… Machine est quand même beaucoup plus rapide et performante que vous ! Mais vous êtes bête ou quoi ! Attention si ça continue comme ça, on va vous obliger à rester bosser tout le week-end ".

Les parents sont souvent confrontés aux difficultés croissantes dans le monde professionnel. Surcharge de travail, organisation du travail parfois délirante, environnement hostile, pression en terme de résultats, d'échéances, etc. sont autant d'éléments qui font peser une pression négative sur les adultes. Quand il n'est pas question de chômage et d'insécurité sociale...

Les adultes ramènent, inconsciemment, cette pression dans la sphère familiale. Car il est bien illusoire de croire que nous laissons nos problèmes et nos angoisses au vestiaire!

Dans un environnement de travail où les personnes ont de moins en moins l’impression d’avoir la main sur leur activité, et où elles perdent parfois le sens de leur action, nous observons que le contrôle se renforce dans la sphère privée, notamment avec une pression sur le travail scolaire des enfants et une attente de réussite élevée.

Les enseignants aussi subissent cette pression descendante. Ils sont investis, par la société et par les parents, de la mission, ô combien difficile, d'aider les élèves à acquérir des connaissances et des compétences qui leur permettront de s'insérer professionnellement à l’issue du parcours, d’une vingtaine d'années maximum, qui va de la maternelle jusqu'aux diplômes de fin d'études. Ils subissent à double titre la pression descendante aussi bien à un niveau professionnel que personnel. En tant que professionnels d’abord, en termes d’objectifs avec une responsabilité énorme sur les épaules et en termes de moyens avec des classes surchargées et un manque de moyens matériels. Et sur un plan plus personnel ensuite, car la réussite ou l’échec de leurs élèves vient les atteindre au plus profond de leur confiance dans leurs capacités d’enseignants.


Nous retrouvons les mêmes éléments de pression transposés aux apprentissages scolaires : surcharge de travail ou d'activités, obligation de bons résultats, rapidité d'ingestion des connaissances, perfectionnisme, etc. Cette pression descendante a un effet pervers : elle crée chez les parents des attentes démesurées envers leurs « bambins » adorés qui deviennent des objets de souffrance et d'inquiétudes parentales dès lors qu'ils ne satisfont pas à leurs exigences.

Nous avons envie de lancer un challenge aux parents qui nous lisent : Et si cette année, on arrêtait de mettre la pression aux enfants ? Si l’on arrivait à lâcher-prise sur nos angoisses (légitimes), à refuser ce système de pression descendante qui nous mine et bousille la confiance en soi de nos enfants ? Si l’on écoutait et regardait plus avec le coeur les désirs et les talents de nos enfants ? Si l’on remettait plus d’humour, de temps de partage dans notre vie familiale pour créer un vrai lien avec nos bambins ?