Ils passent des heures devant le miroir et sur la balance. Tout ça pour, au final, se lamenter d’être trop moches ou trop gros. Masochistes, les adolescents ? Non, simplement victimes des bouleversements hormonaux et émotionnels propres à leur âge. Et même si cette phase de leur développement les pousse à rejeter leurs parents, ils ont besoin de vous pour mieux vivre malgré leurs complexes.

L’exigence de perfection véhiculée par les réseaux sociaux et la publicité accentue le phénomène, mais il a toujours existé : les adolescents n’aiment pas leur corps. Ou, du moins, ils s’y sentent mal à l’aise. Françoise Dolto parlait du « complexe du homard » pour décrire ce que ressentent les grands enfants pas encore adultes ne sachant comment s’accommoder de leur carapace en pleine mutation.

Le psychiatre Xavier Pommereau dans son livre « Ado à fleur de peau » évoque lui les SCF, les Sans Corps Fixe. Filles mais aussi garçons ne se reconnaissent soudain plus dans ce corps qui peut prendre plusieurs centimètres et plusieurs kilos en quelques mois. Poils, cheveux gras et boutons surgissent sans prévenir, justement au moment où commence à poindre l’envie de plaire à l’autre. Pas étonnant que leur enveloppe corporelle devienne soudain leur pire ennemi.

Même si vu de l’extérieur les choses ne semblent pas si terribles qu’ils le décrivent, pas question de se moquer de leurs réactions disproportionnées. Certes cela part d’un bon sentiment, et c’est pour les aider à relativiser. Mais la puberté n’est pas une période propice à l’autodérision. Mieux vaut ne pas non plus trop compatir, ils pourraient alors penser qu’ils ont raison de s’inquiéter. « Durant cette période, l’adolescent a besoin du regard de ses parents, un regard rassurant pour pouvoir être lui-même rassuré. Toute remarque positive et sincère sur le plaisir que nous avons à le voir grandir l’aidera à se sentir mieux dans cette transformation », souligne le Dr Xavier Pommereau.

Se faire aider quand c’est exagéré

Attention, si être dans l’excès est le propre de l’adolescence, les complexes physiques peuvent prendre une place disproportionnée et entraîner un réel mal-être. La dysmorphophobie va souvent de pair avec des troubles du comportement alimentaire, un retrait de la vie sociale… Mieux vaut alors consulter un psychologue ou un psychiatre qui aidera l’adolescent à apprivoiser sa nouvelle image.

Auteur de l'article original: Aurélia Dubuc pour Destination Santé
Source: Ado à fleur de peau, Xavier Pommereau, Albin Michel, 265 pages, 16 euros
Date de publication (dans la source mentionnée): Samedi, 11. Novembre 2017
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