Prévenir les infections nosocomiales causées par les respirateurs, c'est possible et c'est même simple, selon une large étude menée dans 38 hôpitaux du Maryland et de Pennsylvanie. En formant le personnel hospitalier à un protocole pour suivre le patient, 50% d'infections et 78% de pneumonies dues au respirateur ont pu être évitées.

"Environ 5% des patients qui séjournent à l’hôpital contractent une infection au sein de l’établissement", révèle un dossier de l’Inserm sur les infections nosocomiales, ces maladies contractées au cours d’une hospitalisation. "D’après une étude de l’Institut national de veille sanitaire (InVS) datant de 2012, un patient hospitalisé sur vingt (5%) contracte une infection dans l’établissement où il est soigné", continue le dossier. Ce qui représente environ 750.000 infections par an, et serait la cause directe de 4000 décès en France. Un fléau important, qu’on pense souvent inévitable. Mais une étude vient de montrer qu’une bonne partie de celles dues à l’utilisation d’un respirateur peuvent en fait être prévenues.
16,7% des infections nosocomiales sont des pneumonies, chiffre l'Inserm

L’étude, réalisée par une équipe de chercheurs du John Hopkins (Etats-Unis) et publiée dans Critical Care Medicine, s’est penchée sur les respirateurs, qui aident les patients à respirer après ou pendant une maladie. "Mais être sous respirateur a aussi des risques et peut amener à des complications, comme des caillots de sang, des dommages aux poumons ou une pneumonie - qu’on pense être une des infections nosocomiales les plus communes et les plus mortelles", préviennent les scientifiques. Selon l’Inserm, 16,7% des infections nosocomiales sont des pneumonies, qui sont souvent coïncidentes de l’intubation et la ventilation assistée. Alors comment réduire ces infections ? Tout simplement en formant le personnel hospitalier, selon l'étude.

PROTOCOLE. L’étude s’est déroulée d’octobre 2012 à mars 2015 dans 56 services de soins intensifs de 38 hôpitaux du Maryland et de Pennsylvanie. Dans chaque service, une équipe multidisciplinaire était formée par au moins une infirmière, un médecin, un inhalothérapeute (spécialiste des maladies pulmonaires) et un administrateur. Ils étaient eux-mêmes formés par les chercheurs, dans le but de mettre en place les consignes et d'éduquer ensuite les équipes hospitalières sur 6 points-clé : l'élévation de la tête de lit, l'utilisation de l'aspiration pour les intubations, des soins bucco-dentaires, dont l'utilisation de la chlorhexidine (antiseptique utilisé dans les dentifrices et bains de bouche), l'interruption régulière des somnifères et des antalgiques, et enfin des essais réguliers pour voir si le patient peut respirer sans respirateur. (...)

Auteur de l'article original: Marine Van Der Kluft
Source: Sciences et Avenir
Date de publication (dans la source mentionnée): Lundi, 29. Mai 2017
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