Éducation : « fesser » et « taper », plus acceptable que « battre » et « frapper » ?
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D'après une nouvelle étude américaine, les parents jugeraient acceptable de « fesser » ou de « taper » un enfant, lorsqu'ils condamneraient le fait de « battre » ou de « frapper » : une question de vocabulaire qui permet de légitimer un acte toujours violent...
Fessées, gifles, « tapes sur les fesses »... Depuis le 22 décembre 2016 , une loi européenne protège les enfants contre les châtiments corporels : désormais, les parents ont interdiction de pratiquer des actes « cruels, dégradants ou humiliants » sur leurs enfants.
Une étude psychologique de la Southern Methodist University (aux États-Unis) s'est intéressée à la perception que les parents ont des châtiments corporels : pourquoi sommes-nous plus favorables à une fessée qu'à une gifle ? Pourquoi sommes-nous d'accord pour « donner une tape » à un enfant, mais opposés à l'idée de « battre » ce même bambin ?
La tape et la fessée sont « acceptables », quand la gifle et le coup sont « excessifs »
Pour répondre à ces questions, les chercheurs ont mené une expérience avec 672 participants (191 sans enfants, 481 parents) auxquels ils ont soumis des scénarios impliquant une maman et son fils de 5 ans. Celui-ci faisait de nombreuses bêtises (voler, mentir, faire preuve de cruauté envers un animal, faire preuve de violence physique envers un camarade) et les participants étaient invités à juger la punition de la mère. Dans chaque cas, celle-ci infligeait un châtiment corporel à son enfant : une fessée, une tape, une gifle , un coup...
Résultat ? Les scientifiques ont constaté que les mots avaient une grande importance : les participants toléraient (voire encourageaient) la « tape » ou la « fessée », quand ils jugeaient le « coup » ou la « gifle » trop excessifs.
« Notre étude montre bien que le vocabulaire employé est très important lorsqu'il s'agit de violences corporelles : pour une fessée par exemple, l'acte en lui-même reste violent (physiquement et émotionnellement) mais nous le légitimons car le mot, lui, est passe-partout », explique Alan Brown, professeur de psychologie à la Southern Methodist University. « Notre point de vue est qu'il n'est jamais légitime de frapper un enfant pour lui « donner une bonne leçon » : si nous remplacions tous les verbes employés par « agresser », nous nous rendrions bien compte que le châtiment corporel est inacceptable. »