Et si l’hyperactivité n’existait pas?
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Le psychiatre français Patrick Landman dénonce l’épidémie d’hyperactivité. Selon lui, ce trouble est une construction artificielle destinée à enrichir les pharmas
Et si l’hyperactivité n’existait pas? Et si cette maladie n’était qu’une série de symptômes – agitation, déconcentration et impulsivité – artificiellement réunis par les industries pharmaceutiques pour faire du chiffre? Cette thèse, qui n’est pas inédite, est défendue avec force détails et arguments par le psychiatre et psychanalyste français Patrick Landman dans Tous hyperactifs?, essai fraîchement sorti aux Editions Albin Michel. Avec cette information déjà, qui laisse songeur: aux Etats-Unis, le chiffre d’affaires des médicaments vendus pour lutter contre le TDAH (trouble du déficit d’attention avec ou sans hyperactivité) est passé de 40 millions de dollars il y a vingt ans à 10 milliards aujourd’hui. «En psychiatrie, on assiste à un marketing des maladies, qui se vendent comme de vulgaires produits, explique Patrick Landman. Ce phénomène est né aux Etats-Unis, mais se propage partout dans le monde», ajoute le psychiatre, qui assure: «Dans le cas du TDAH, c’est le médicament qui fait la maladie.» Entretien.
Le Temps: Selon vous, l’hyperactivité n’existe pas. Dans votre essai, vous comparez même cette maladie à l’homosexualité, en rappelant que jusque dans les années 70, cette orientation sexuelle était considérée comme un trouble mental. Pourtant, des milliers d’enfants et d’adultes semblent souffrir du TDAH...
Patrick Landman: Il faut distinguer deux choses. Les constructions médico-sociales à large échelle et la souffrance des individus. Si je compare le TDAH à la stigmatisation de l’homosexualité ou à la frénésie de diagnostics d’hystérie à la fin du XIXe siècle, c’est pour montrer que chaque époque a sa maladie à la mode. Dans mon essai, j’évoque aussi la dépression, qui a flambé dans les années 1980 quand le Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders III (DSM III), la bible mondiale des prescriptions, a médicalisé des affects et des comportements comme la tristesse, la baisse de l’estime de soi ou la dépendance au lien d’attachement, alors que ce sont des réactions habituelles à la suite de ruptures ou d’échecs, et qu’elles sont spontanément réversibles. Les faux dépressifs ont reçu des traitements parfois très longs, et on en est arrivé à qualifier la dépression de «la maladie du siècle». Selon moi, le TDAH suit exactement le même processus, avec les généreuses retombées économiques que l’on sait pour les industries pharmaceutiques…
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