Greffe du visage : une deuxième transplantation à Paris après un premier rejet
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A Paris, un homme vient de subir une deuxième transplantation du visage, démontrant pour la première fois dans le domaine des greffes vascularisées composites (face et main) qu’une retransplantation est possible en cas de rejet.
Un homme qui avait reçu une greffe totale du visage il y a quelques années a dû en subir une deuxième récemment, à cause du rejet du premier greffon, ont indiqué dans un communiqué commun vendredi 19 janvier 2018 l'Agence française de la biomédecine et l'AP-HP. L'Agence de la biomédecine et l'AP-HP ajoutent qu'elles n'avaient pas l'intention de rendre cette greffe publique "avant un délai de plusieurs jours, permettant d'avoir davantage d'éléments sur les suites à plus long terme de l'intervention et sur l'état de santé du patient", mais y a été forcée par un article de presse dévoilant l'identité du receveur et donnant des informations sur le donneur.
Un cas unique de retransplantation du visage
Cette deuxième opération complexe a été réalisée à l'hôpital européen Georges-Pompidou à Paris, par une équipe dirigée par le professeur Laurent Lantieri, spécialiste de ces interventions. Elle a démarré "lundi 15 janvier 2018 en début d'après-midi et s'est terminée mardi 16 janvier en début de matinée", selon un communiqué de l'Agence de la biomédecine et l'Assistance publique - Hôpitaux de Paris. "La greffe est intervenue sur un patient qui avait déjà bénéficié d'une greffe de face et qui présentait un rejet chronique", précise le communiqué. Il avait été remis sur liste d'attente le 27 octobre 2017.
"La gravité du rejet" avait nécessité qu'on lui retire complètement le premier visage greffé le 30 novembre 2017. Depuis, il était hospitalisé en réanimation. "Cette greffe démontre pour la première fois dans le domaine des greffes vascularisées composites (face et main) qu'en cas de rejet chronique une retransplantation est possible", soulignent l'Agence de la biomédecine et l'AP-HP. Cependant, ce cas inédit illustre également les risques importants de complications de cette technique spectaculaire, dus au phénomène de rejet et aux traitements destinés à l'éviter, qui abaissent les défenses de l'organisme. Mais elles émettent une réserve de taille : "Cette greffe est soumise à des contraintes immunologiques sévères et seul le suivi à plusieurs semaines confirmera la viabilité du greffon".
La première greffe du visage au monde, partielle, date de 2005 et avait été réalisée par l'équipe du professeur français Bernard Devauchelle. Elle avait bénéficié à une femme de 38 ans, Isabelle Dinoire, défigurée par son chien. Cette dernière est décédée en avril 2016 d'une tumeur maligne. En 2011, la première greffe totale de visage avait été réalisée par le Pr Laurent Lantieri.(...)