Imaginez-vous perdre doucement la tête et en avoir conscience. Face à cette situation paniquante, les malades d'Alzheimer ont souvent du mal à en parler, faute de trouver une bonne oreille. Nicole raconte ce combat contre le tabou pour L'Express.

"Si vous saviez comme j'aimerais qu'on m'écoute et qu'on m'entende." Nicole butte moins sur cette phrase que sur les autres. Entre deux rires et pas mal d'hésitations pour trouver le bon mot, cette jeune malade d'Alzheimer laisse échapper cette confidence. Comme deux patients sur trois, selon un sondage Opinion Way pour l'association France Alzheimer, elle préfère parfois serrer les dents face au malaise et à la douleur des proches. La dure réalité de la maladie - l'incapacité à retrouver son quotidien, la confusion dont on a tristement conscience ou encore très pragmatiquement les fuites urinaires -, elle la garde parfois pour elle. 

Nicole fait partie de ces près de 32000 jeunes malades d'Alzheimer en France. Il y a quatre ans, sortie du bureau de son neurologue, la presque-sexagénaire doit annoncer le couperet à son mari et leurs trois enfants. Jean-Luc, un "taiseux" comme elle le décrit, encaisse le coup. Deux de ses enfants, en revanche, "n'ont pas vraiment assimilé", estime leur père. Depuis, avec les plus grands, la conversation sur la maladie n'a jamais vraiment été rétablie. Les filles préparent désormais le repas de Noël sans poser de questions. Nicole aimerait en parler mais ne veut pas l'imposer. Avec son mari, la discussion est très ouverte, mais elle refuse "de l'enquiquiner tous les jours avec ça".

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Auteur de l'article original: Pauline Hofmann
Source: L'EXPRESS
Date de publication (dans la source mentionnée): Lundi, 21. Septembre 2015
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