TÉMOIGNAGE - A 55 ans, Olivier est atteint d’une forme précoce de la maladie d’Alzheimer. Un cas rare mais loin d’être isolé: environ 34.500 personnes en France sont actuellement dans son cas.

«Le soir, je demandais à ma femme ce qu’elle avait préparé pour le dîner, j’oubliais, puis je lui redemandais. Elle me disait toujours que je me répétais et je le prenais mal». Face à ces pertes de mémoire fréquentes, Olivier, un homme de 55 ans résidant dans le Nord-Pas-de-Calais a fini par consulter son médecin traitant. «Il m’a orienté vers un spécialiste qui m’a fait passer des tests de mémoire. J’ai aussi eu une ponction lombaire.» Et là, le verdict est tombé: maladie d’Alzheimer.

«Bon, je n’y peux rien, c’est comme ça». Pas de colère ni de désarroi pour lui qui a d’emblée accepté sa situation à l’annonce du diagnostic. Olivier n’est d’ailleurs pas un cas isolé. Car si la majorité des 900.000 personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer en France ont plus de 80 ans, une partie est loin d’avoir un âge avancé. Selon Santé Publique France, environ 34.500 personnes âgées entre 40 et 65 ans sont atteintes de la maladie d’Alzheimer en France, à l’image d’Olivier, diagnostiqué alors qu’il n’avait que 53 ans.

Aducanumab et jeux: la combinaison testée pour ralentir la maladie

Désormais suivi au CHU de Lille quatre fois par mois, Olivier se sent serein. «L’hôpital, c’est comme la maison, c’est une deuxième famille. J’ai confiance en eux à 100%». Et de la confiance, il lui en faut puisqu’il s’est engagé comme «cobaye» - comme il aime le dire — dans un essai clinique international, aux côtés de 1600 autres personnes qui, comme lui, sont atteintes de la maladie d’Alzheimer au stade précoce.

Au programme: jeux de mémoire, dessins et une perfusion mensuelle d’Aducanumab, un médicament développé par le laboratoire américain Biogen, qui s’attaque aux protéines bêta-amyloïdes. Une cible de choix, puisque l’accumulation de ces protéines dans le cerveau est en partie responsable de la maladie. L’objectif est de ralentir la progression de la maladie, et notamment le déficit cognitif, chez les participants à l’étude. Un espoir important, à l’heure où la ministre de la Santé Agnès Buzyn vient d’annoncer le déremboursement de 4 médicaments donnés aux malades d’Alzheimer, en raison de leur manque d’efficacité.

«Je ne suis pas curieux, je ne pose pas de questions et les laisse faire. Pour le moment, mon état ne s’aggrave pas, confie Olivier. L’autre jour, je voyais des malades d’Alzheimer défiler dans le couloir. Je me demandais si je serai comme cela un jour.  (...)

Auteur de l'article original: Cassandre Jaliffier
Source: Le Figaro.fr
Date de publication (dans la source mentionnée): Samedi, 2. Juin 2018
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