Les négociations qui s’engagent ce jeudi entre Assurance maladie et médecins ne prévoient pas de rembourser des consultations simples depuis sa maison, son smartphone. Ce sera plus compliqué.
A l’heure du digital, ils sont pressés d’aller lentement. Les négociations qui débutent ce 18 janvier sur la télémédecine visent certes à trouver un accord rapide entre l’Assurance maladie et les syndicats de médecins pour tarifer ces nouveaux actes. Six réunions sont d’ailleurs prévues, dont la dernière est programmée le 29 mars prochain avec une application d’ici fin 2018. Ça n’est que lorsque cette prise en charge sera effective que les complémentaires seront obligées de financer tout ou partie de ce qui restera à la charge du patient.

Pas de face-à-face digital patient-médecin remboursé

Mais alors que les pouvoirs publics ne cessent de montrer la télémédecine comme une réponse aux déserts médicaux et plus largement aux délais d’attente des spécialistes, les négociations qui s’ouvrent ne vont pas concerner les téléconsultations entre patients, bien installés à la maison devant leur ordinateur ou leur smartphone, et un généraliste ou spécialiste. Non, pas encore. L’étape qui débute vise à mettre en place un dispositif de remboursement par l’Assurance maladie de consultations entre professionnels de santé où le patient pourra, ou pas, être présent. Par exemple, un patient pourra se rendre dans un cabinet d’infirmier pour réaliser à distance un examen de l’oreille sous la direction d’un médecin ORL qui pourra interpréter en direct et prescrire éventuellement. Deux professionnels qu’il faudra rémunérer.

« L’Assurance maladie redoute un rush sur les téléconsultations, et au final une grosse facture, analyse un observateur du secteur. Mais les médecins aussi veulent y aller à petits pas, pour bien encadrer les pratiques et sécuriser les consultations », poursuit-il. La ministre de la Santé, Agnès Buzyn, espère 500 000 téléconsultations en 2019, deux fois plus en 2020 et 1,3 million en 2021. Des objectifs plutôt modestes comparés aux deux millions de consultations réalisées chaque jour par les seuls médecins généralistes.

Là où devait se mettre en place un dispositif simple et rapide de recours digitalisé aux médecins, particulièrement là où ils sont absents -en montagne, en zone rurale…- on voit déjà poindre la perspective pour le patient de devoir prendre rendez-vous avec un professionnel de santé (infirmier, médecin traitant…), pour réaliser dans un lieu équipé, qui devra être disponible à date et heure, une téléconsultation avec un médecin dont l’agenda devra être compatible. On est là encore loin des promesses du digital, même si, c’est évident, la télémédecine ne pourra pas traiter tous les cas. (...)

Auteur de l'article original: Daniel Rosenweg
Source: Le Parisien
Date de publication (dans la source mentionnée): Samedi, 20. Janvier 2018
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