Les enfants et adolescents en situation de handicap se font le plus souvent et le plus longtemps harceler par leurs petits et grands camarades, et ce tout au long de leur scolarité.

Chad A. Rose et Nicholas A. Gage, deux experts en éducation spécialisée affiliés aux universités du Missouri et de Floride, viennent de passer trois ans à étudier 6.531 enfants et adolescents âgés de 8 à 18 ans –c'est-à-dire scolarisés aux équivalents américains du CE2 jusqu'à la Terminale. Parmi ces élèves, 16% sont dans une situation de handicap quelconque, et ce sont eux qui se font le plus souvent et le plus longtemps harceler par leurs petits et grands camarades. Les chercheurs soulignent aussi que «vu la réciprocité entre le harcèlement et la victimisation, on peut concevoir que les élèves en situation de handicap sont aussi plus à même d'être acteurs de persécutions scolaires que leurs pairs valides».

De même, alors que le harcèlement a tendance a diminuer avec l'avancement de la scolarité, Rose et Gage observent que le phénomène ne s'applique pas aux enfants et adolescents en situation de handicap, chez qui l'âge n'est en rien une protection contre les brimades. Selon les chercheurs, ces résultats laissent entendre que contrairement aux enfants valides, les enfants en situation de handicap n’acquièrent pas d’aptitudes sociales leur permettant de tenir tête à leurs assaillants. Ce que confirme une étude publiée plus tôt cette année par Rose et ses collègues.

    «Ces recherches soulignent la nécessité, pour les programmes d'éducation spécialisée, de mettre l'accent sur l'enseignement de compétences adéquates pour les enfants en situation de handicap, précise Rose. Les écoles doivent développer ces programmes en mettant en œuvre des objectifs de développement social pour chaque élève, afin d'être sûr qu'il apprenne les bonnes aptitudes sociales qui le protégeront contre le harcèlement.».

En particulier, les enfants en situation de handicap ont tendance à réagir au harcèlement avec davantage d'agressivité que les autres, ce qui augmente non seulement la gravité des persécutions subies et des traumatismes associés, mais aussi le risque de passer du côté des harceleurs. Apprendre à ces enfants à mieux communiquer, autant avec leurs pairs que leurs enseignants, peut les aider à réagir plus «positivement» aux persécutions, mais aussi d'en diminuer la fréquence au cours du temps.

Auteur de l'article original: Peggy Sastre
Source: Slate.fr
Date de publication (dans la source mentionnée): Lundi, 19. Décembre 2016
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