Indispensable à un bon apprentissage scolaire, l'audition est très malmenée par les jeunes qui passent trop de temps les écouteurs vissés sur les oreilles.

Les oreilles des adolescents sont soumises à rude épreuve… Plus d'un quart d'entre eux écoutent trop longtemps et trop souvent de la musique à un niveau trop élevé. « Des générations de sourds sont en préparation », regrette Bruno Frachet, professeur d'ORL (hôpital Rothschild à Paris). Il développera ce thème, ainsi que les liens entre électronique et audition, samedi 3 septembre, au théâtre de l'Odéon*, à Paris. Mais il estime aussi nécessaire de veiller à la bonne santé des oreilles des enfants dès la petite enfance.

Le Point.fr : On a le sentiment que les troubles de l'audition sont plus négligés que ceux de la vision chez les jeunes enfants, en période de rentrée scolaire. Est-ce la réalité ?

Professeur Bruno Frachet : Le problème est un peu différent de celui de la vision, car les mamans se rendent en général compte très vite que leur enfant entend mal. Et pour cause, il ne répond pas quand elles les appellent. Mais quand un enfant devient dissipé en classe, quand il ne semble plus intéressé par ce que dit le maître ou la maîtresse, il faut tester son audition. Ce comportement peut être dû au fait qu'il entend mal. Il n'est pas rare de découvrir alors une otite séreuse, donc la présence de liquide derrière le tympan. À la différence de l'otite aiguë, elle n'est pas douloureuse. Un traitement médical, voire la mise en place d'aérateurs trans-tympaniques, les fameux yoyos, permet de régler ce problème.

Le principal motif d'inquiétude aujourd'hui concerne la fatigue auditive, liée à des expositions sonores trop élevées…

Oui, et cela commence très tôt. Une enquête Ipsos publiée en octobre 2015 indiquait que près de 10 % des enfants de moins de 2 ans s'endorment avec un casque sur les oreilles. C'est dramatique. Il faut y ajouter que 21 % des moins de six ans, 74 % des 7-12 ans et 95 % chez les adolescents utilisent régulièrement un casque audio et des écouteurs. Et, chez ces derniers, le niveau sonore est très élevé. Ils disent que ça donne de bonnes vibrations : la puissance sonore est alors tellement forte que ça peut ébranler la cage thoracique. On peut imaginer les dégâts sur les fragiles mécanismes de l'audition.

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Auteur de l'article original: Anne Jeanblanc
Source: Le Point
Date de publication (dans la source mentionnée): Lundi, 5. Septembre 2016
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