« Sentez cela et vous penserez à ceci. » C’est sur ce lien odeur-mémoire que repose l’olfactothérapie. Véritable support thérapeutique, elle est aujourd’hui utilisée à l’hôpital pour aider les patients à retrouver la mémoire et le langage. Explications avec Patty Canac, olfactothérapeute pour le Cosmetic Executive Women (CEW) et auteur du Guide de l’odorat, aux éditions Ambres (2015).

Psychologies : En quoi les odeurs sont-elles un atout pour raviver la mémoire des patients ?

Patty Canac : L’odorat est lié au langage, aux émotions et à la mémoire, mais sa particularité est d’avoir un lien direct avec le système limbique, qu’on appelle aussi le "cerveau des émotions". Cette connexion permet à l’olfaction d’accéder aux souvenirs plus rapidement que les autres sens. Il fait passer la mémoire avant l’analyse car il court-circuite le cheminement mental habituel. Le souvenir olfactif ressurgira à l’improviste, lorsqu’on sera de nouveau en présence d’une odeur marquante perçue dans notre enfance.

Ce qui est remarquable, c’est le sentiment réel de revivre ce moment. Le souvenir olfactif est multi-sensoriel : notre mémoire a également enregistré des images et des sons. En sentant, nous allons être projetés dans un décorum particulier qui va nous faire revivre une scénographie. C’est ce qui donne toute la richesse du souvenir via l’odeur. A la différence de l’image, l’odeur laisse une totale liberté à l’imaginaire de la personne qui sent et c’est ce qui crée cette dimension intérieure. C’est un véritable voyage spatio-temporel, comme disait Proust.

omment se déroulent les ateliers olfactifs ?

Patty Canac : Je m’occupe d’adultes ayant subi un accident vasculaire cérébral ou un traumatisme crânien sévère à l’hôpital de Garches (Hauts-de-Seine). L’odeur est utilisée afin de favoriser l’évocation de leurs souvenirs autobiographiques.

Je tends au patient une touche olfactive, petite bande de papier buvard imbibée d’une odeur. Celui-ci sent la fragrance en « aveugle » : on ne lui dit pas de quelle odeur il s’agit. On n’attend pas de lui qu’il l’identifie, mais qu’il parte à la recherche du souvenir personnel relié à cette odeur. L’objectif est de retrouver l’émotion qui lui est rattachée. On ne souhaite pas rééduquer dans les connaissances, on cherche davantage à faire évoquer aux patients, par des émotions, leurs souvenirs. Dans les ateliers d’olfactothérapie, il n’y a ni bonne ni mauvaise réponse. Il n’y a que des images olfactives très personnelles qu’il s’agit de faire ressortir. Grâce à elles et malgré une mémoire endommagée, il devient possible de se réapproprier un passé oublié.

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Auteur de l'article original: Laurine Thiodet
Source: Psychologies.com
Date de publication (dans la source mentionnée): Lundi, 11. Mai 2015
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