Petits déjeuners gratuits à l’école : petites questions provocatrices
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Ouf, enfin, il était temps : le gouvernement s’attaque au problème des pauvres petits écoliers qui arrivent le ventre vide à l’école le matin !
Ah, le petit-déjeuner gratuit ! Quel miracle moderne qui permet de rassasier les corps des petits en calmant les esprits des grands et qui résout efficacement le problème posé avec finesse et discernement des enfants mal nourris par leurs parents ! Vite, sortez les trompettes, sonnez hautbois et résonnez musettes, le gouvernement vient de faire un grand pas en avant vers une augmentation du bonheur global de la population française.
Ou presque. Ou presque pas. Ou pas du tout en fait.
Une fois l’effet d’annonce et le petit soupir de contentement moral passés, force est de constater que, pour un petit-déjeuner gratuit, la facture se monte déjà à 6 millions d’euros pour cette année, et qu’elle est déjà annoncée de plus de 12 millions d’euros pour une année pleine (estimation qui ne manquera pas d’être revue à la hausse dès que le contribuable aura le regard tourné le dos penché en avant).
Tout calcul fait, ces 12 millions d’euros représentent, pour les 100.000 écoliers que la mesure entend cibler, un peu moins de 80 centimes par petit-déjeuner servi sur les 162 jours d’école en moyenne en France. Devant ce montant que certains n’hésiteront pas à qualifier charitablement de « modeste » (en comparaison d’un repas de midi àplus de 2.5€), il n’est pas étonnant que certains élus n’y voient qu’un coup de pure communication.
Mais à ces considérations purement économiques – qu’il est malgré tout nécessaire de rappeler tant il semble acquis pour trop d’élus et de Français que l’argent public semble tomber du ciel – on doit ajouter d’autres considérations plus pragmatiques sur la mise en place d’un tel système.
Avant tout, passons sur les inévitables petits couinements de certains élus qui regrettent la mise en place de cette proposition au motif qu’on ferait mieux de favoriser des cantines sans plastique, bio, éco-conscientes et probablement syntonisées avec Gaïa ; manifestement, il semble plus important pour ceux-là de n’avoir rien à manger plutôt que quelque chose qui aurait touché de vilains pesticides ou du méchant plastique. Chacun ses priorités.
Et lorsqu’on conserve à l’esprit l’aspect purement accessoire de l’emballage, le contenant pose tout de même quelques questions.
Tout d’abord, on ne peut s’empêcher de noter que les recommandations de l’État en matière alimentaire se sont pour le moment surtout traduites par une explosion de l’obésité, du diabète et des maladies cardio-vasculaires. La présence massive de sucre dans notre alimentation n’y est absolument pas étrangère (...)