PLFSS 2018 : une pluie d’occasions manquées
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La France devait être transformée. Le modèle social rénové. Nous attendons encore.
Lees débats sur le projet de loi de financement de sécurité sociale se sont achevés mardi dans l’hémicycle. Et force est de constater qu’il faudra attendre une année de plus pour que peut-être les grands chantiers qu’il aurait fallu ouvrir dès aujourd’hui soient enfin étudiés.
Sous couvert d’une apparence nouvelle et innovante, ce texte n’apporte en réalité que des mesures placebos qui ne remettront pas le modèle social français sur pied. Loin s’en faut.
A l’aube d’un nouveau mandat, il appartenait pourtant au Gouvernement et à la Ministre des solidarités et de la santé de repenser le modèle social français qui depuis un quart de siècle courre de déficits en déficits. Plus que d’ambition ce projet de loi manque de vision.
e plan de lutte contre la désertification médicale présenté par Agnès Buzyn, bien qu’il offre des propositions intéressantes, est un pavé dans la marre. Les simplifications législatives et réglementaires et les incitations financières prévues reviennent à un désengagement de l’Etat puisqu’il laisse à la charge des collectivités locales et des professions médico-sociales la responsabilité d’organiser l’offre de soins sur le territoire. Or les collectivités territoriales exsangues continueront de tirer la langue pour trouver des recettes nouvelles dans l’espoir de compenser la suppression de la taxe d’habitation et refuseront de s’engager davantage dans des investissements pluriannuels, faute de visibilité budgétaire.
L’inscription dans le droit commun des dispositifs de télémédecine est une autre supercherie car bien que sur le principe ce soit une mesure intéressante, elle se heurte à la réalité des territoires frappés par la fracture numérique qui ne pourront donc pas bénéficier des avancées technologiques avant de nombreuses années.
Pourtant la médecine est considérée par beaucoup de français comme le premier des services publics et il revient à l’Etat de garantir une offre de soins dense et équilibrée sur l’ensemble du territoire, en prenant soit des dispositions certes autoritaires à certains égards, soit en ayant le courage des réformes fussent-elles difficiles à faire accepter par l’opinion.
La démographie médicale est donc l’une de ces occasions manquées. Mais elle est loin d’être la seule.
En effet, la prise en charge de la dépendance et du grand âge a fait l’objet d’une annonce qui ne dupe personne. L’ouverture de 4500 places en EHPAD n’a que l’apparence d’une solution car elle pose un réel problème de financement pour les Départements qui sont au maximum de leurs capacités mais qui doivent pourtant intervenir au nom de la solidarité nationale aux frais d’hébergement.
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