Tous vieux et fous... mais heureux ? Ce que la France pourrait apprendre des Japonais sur l’accompagnement de la démence sénile
- 907 lectures
Une récente étude prouve que d’ici 2025, un japonais sur cinq souffrira de démence. Une maladie qui touche beaucoup de pays développés, notamment la France. Pour lutter contre ce phénomène le Japon a proposé plusieurs mesures.Atlantico : Le Japon a annoncé la mise en place d’une assurance santé qui permettrait de couvrir les patients éligibles en mettant à leur disposition des aides en cas de neurodégénérescence grave. Qu’en pensez-vous ?
Thierry Gallarda : L’assurance santé est une mesure intéressante. Ce qu’on sait, c’est qu’il y a un décalage majeur entre l’installation des maladies neurodégénératives au tréfonds des sutures cérébrales et leurs expressions symptomatiques. Un décalage qui dure au minimum dix ans, plutôt quinze. Il ne faut donc pas s’inscrire dans une démarche curative mais plutôt dans une démarche de prévention. Pour des patients qui sont par exemple atteints de maladie d’Alzheimer débutante à l’âge de 70 ans, on peut imaginer qu’ils ont des déficits cérébraux qui sont déjà palliés depuis 15 ans. L’idée d’une assurance dès l’âge de 40 ans est donc très bonne.
De toute façon la notion de prévention est majeure dans ce champ là. Contrairement à d’autres maladies, le champ des maladies neurodégénératives amène automatiquement une prévention précoce. On ne descendra pas en deça de 40 ans sauf évidemment pour ceux qui ont des maladies génétiques qui peuvent débuter plus tôt. Dans tous les cas, la notion de prévention est primordiale.
La deuxième mesure concerne la possibilité d’un emploi du temps flexible pour les employés, est-il nécessaire en France ?
C’est essentiel. Certains se retrouvent totalement démunis face au manque de flexibilité. Ils ne peuvent pas se permettre d’arrêter de travailler. Ils doivent souvent laisser leur « malade », leurs parents âgés chez eux le matin avec quelques aides à domicile. Repartir au travail et revenir le soir pour finalement trouver un parent qui n’a rien fait de la journée. L’histoire de la flexibilité dans la vie des personnes qui sont amenées à côtoyer des proches ou des individus atteints de démence est essentielle. D’ailleurs le projet de loi d’une adaptation de la société au vieillissement avait été évoqué à l’Assemblée Nationale. La question des aidants, du temps consacré par les aidants nuit et jour ou de leurs dépenses est une question qui n’est absolument pas prise en compte à sa juste mesure en France. Les gens se reposaient il y a quelques années sur l’amour filial. Dans la majorité des familles traditionnelles, les aidants donnaient tout le temps qu’ils pouvaient pour les patients. (...)