Une récente étude épidémiologique présente des résultats inquiétants : près d'un Français sur 10 aurait perdu l'odorat. Or la perte d'un de nos sens est souvent vécue comme un deuil pouvant mener à la dépression.

Atlantico : Une enquête réalisée par les chercheurs du Centre de Recherche en Neurosciences de Lyon, montre que 10 % des Français n'ont plus d'odorat. Quelles sont les principales causes de la perte d'odorat ?

Pierre Bonfils: Il existe une soixantaine de causes de perte de l'odorat mais quatre d'entre elles représentent près de 90% des pertes :

  • Une affection par un virus neurotrope lors d'un simple rhume hivernal. Ce virus affecte les cellules nerveuses présentes dans le nez, cela survient dans un cas de rhume sur 400.
  • Il n'y a pas de traitement contre cela. On constate que 60% des patients retrouvent l'odorat. Ce type de virus touche de manière prépondérante les femmes (7 cas sur 10) et souvent entre leur 50ème et leur 65ème année.
  • Un traumatisme crânien : en tombant sur la tête, on risque d'abîmer les nerfs qui font le lien entre le nez et le cerveau. Sur une centaine de patient restant dans le coma plus de 24h, 15 perdent définitivement l'odorat. Et un choc sur la tête, lors d'une chute à vélo par exemple, représente un risque de 5% de perte odorat. Les nerfs concernés ne peuvent être réparés par opération, c'est définitif.
  • Le vieillissement: 75% des personnes de plus de 80 ans ont une perte sévère voire totale de l'odorat. Ce résultat est le même que les patients observés soient en Asie, en Europe ou en Amérique. Les papilles gustatives restant fonctionnelles, c'est ce qui explique que les personnes âgées mangent moins mais aiment souvent le sucré.
  • Une maladie chronique du nez ou des sinus: il peut s'agir de sinusites ou de rhinites chroniques, de polyposes, etc. On estime que 15% des adultes sont touchés par des problèmes de ce type et risquent une perte ou une transformation d'odorat.

Quelles sont les conséquences de la perte ou de la diminution d'odorat ? Tout d'abord physiquement puis psychologiquement ? Y a-t-il des conséquences dans les relations sociales ?

Sur le plan physique, cela a une conséquence importante: la perte du goût. Le goût dépend à plus de 90% de l'odorat. Lorsque l'on goûte un vin par exemple, une partie de l'arôme passe par l'arrière nez et va stimuler l'organe de l'odorat. Ceux qui l'ont perdu sont incapables de différencier une sauce au vin d'une béchamel ! Conséquence: elles n'ont plus envie de manger. Cela provoque une désocialisation, on perd l'envie d'inviter à dîner, d'aller au restaurant, etc. Et nous avons constaté que 50 à 60% des patients sont dans une dépression assez sévère, d'où la nécessité de mettre en place un soutien psychologique. (...)

 

Auteur de l'article original: Rédaction
Source: Atlantico
Date de publication (dans la source mentionnée): Lundi, 2. Novembre 2015
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