Qu'apporte la littérature jeunesse aux enfants ? Et à ceux qui ne le sont plus
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« Le premier homme de la préhistoire qui composa un bouquet de fleurs fut le premier à quitter l'état animal ; il comprit l'utilité de l'inutile. » Le livre du Thé, Okakura Kakuzô, 1906
La littérature de jeunesse est ainsi : pour les uns un bouquet de fleurs et pour les autres, inutile. Depuis toujours, elle se complait dans cette interrogation persistante, insignifiante et inféconde : écrit-on pour les enfants ? Elle résonne alors inlassablement de mille polémiques quant à sa qualité, son statut, sa fonction. Faut-il l’interdire, la remettre à l’ordre, l’ « éduquer » ?
Contre les voix qui s’élèvent pour l’éreinter, souvent sans la connaître, Patrick Ben Soussan fait l’éloge de cette singulière faculté de la littérature de jeunesse : offrir aux enfants des occasions, de penser, de rêver, de rire et de pleurer, d’aimer, de comprendre, de partager, de rencontrer, au plus vrai, le sensible, l'affecté, le réel et le rêve, de s’échapper et de se retrouver. C’est cela aussi qu’apporte la littérature de jeunesse à ceux qui ne sont plus des enfants, des retrouvailles, non pas avec leur enfance, perdue, inaliénable, mais avec des parts d’eux-mêmes, étranges et étrangères parfois, qu’elle leur révèle, à leur insu.