Selon la dernière enquête épidémiologique, «40% de la population marocaine âgée de 15 ans et plus souffre, ou a souffert, d'un trouble mental» -d'intensité évidemment variable-. Près d'une femme sur deux est d'ailleurs concernée. En 2012, la santé mentale a ainsi été érigée au rang de «priorité» par le ministère de la Santé marocain, qui s'est donné pour objectif de doubler les capacités d'accueil à l'horizon 2016 -en passant à 3.000 lits- et de former 30 psychiatres et 185 infirmiers spécialisés.

Mais malgré ce vaste programme de mise à niveau pour la prise en charge des maladies mentales, identifié comme une «urgence» par le Conseil national des droits humains (CNDH, officiel), dans un rapport intitulé Santé mentale et droits de l'Homme: l'impérieuse nécessité d'une nouvelle politique, le secteur souffre toujours de carences majeures, en infrastructure ou en personnel.

Internements «inhumains»

Ainsi, à mi-chemin du programme gouvernemental, les objectifs restent «loin d'être remplis», selon l'hebdomadaire Tel Quel. Et aucun des trois hôpitaux spécialisés en psychiatrie prévus par le plan «n'est encore sorti de terre», alors que l'alerte avait été donnée sur les conditions parfois «inhumaines» de certains internements.

Dans un douar de la région de Ben Slimane (centre), le cas de Soukaina B., 21 ans, illustre ce fossé entre prise en charge souhaitée et réalité. La jeune femme, qui souffre de troubles psychiques, est le plus souvent enchaînée à un poteau, à même le sol, dans la modeste maison en terre de cette famille pauvre de dix enfants.«Nous l'avons emmenée plus d'une cinquantaine de fois à l'hôpital, mais ils ne veulent pas la garder», explique son père, Mohamed. «Les médicaments qu'on nous donne ne font que l'endormir. Je ne sais plus quoi faire.» (...)

 

Auteur de l'article original: Rédaction
Source: 20 Minutes
Date de publication (dans la source mentionnée): Lundi, 15. Décembre 2014
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