Oublier ses clés, chercher sa voiture sur un parking, rater un rendez-vous professionnel, la mémoire nous joue parfois des tours. A quel moment ces oublis doivent-ils nous alerter ?

Oublier. C’est justement la principale tâche d’une mémoire qui fonctionne bien. Impossible évidemment d’emmagasiner le flux d’informations qui nous arrive tous les jours. « Le principe même de la mémoire, c’est d’évacuer, de modifier en les simplifiant toutes les représentations mnésiques que l’on forme au fil du temps. C’est ce qui nous permet de conserver une signification, de construire un sentiment d’identité et de continuité, à l’ensemble de ce que l’on vit. », explique le Pr Francis Eustache, neuropsychologue, président du conseil scientifique de l’observatoire B2V des Mémoires. 

Simple distraction ou mémoire vacillante ?
Mais quand la mémoire dérape, cela donne des bugs, qui nous mettent dans des positions fâcheuses. Impossible de remettre la main sur nos clés de maison, de retrouver la voiture garée sur un parking de supermarché, sans compter cette soirée chez des amis qu’on a zappée. Pourtant, ces petits oublis n’ont rien de pathologique. « C’est d’ailleurs plus souvent des problèmes d’attention que de mémoire », souligne le Pr Eustache. Quand vous rentrez chez vous et que vous posez vos clés, votre esprit est ailleurs : encore au travail (mon chef a été odieux aujourd’hui) ou déjà à la maison (on mange quoi ce soir ?). « C’est l’exemple typique : l’esprit n’a pas dit à la mémoire de retenir l’information », précise le spécialiste. Normal qu’il n’en reste aucun souvenir. Fatigue, distraction, de multiples facteurs peuvent gêner le processus d’encodage de la mémoire.

Les indices à repérer
Là où ça coince, c’est quand on reproduit les mêmes erreurs. Oublier sa voiture une fois ou deux, passe encore. Mais quand ça se répète, cela doit mettre la puce à l’oreille. Autre signe d’alerte : si malgré des indices, on ne se souvient de rien. Par exemple, on zappe un appel important. Et quand les membres de la famille nous disent : « mais si, rappelle-toi, ton neveu a appelé pour organiser un brunch dominical ? », c’est toujours le trou noir. Autres indices qui doivent alerter : quand ces bugs de la mémoire sont accompagnés de troubles du langage (on oublie un mot), de troubles du raisonnement (impossible de gérer plusieurs infos en même temps), de troubles spatio-temporels (se perdre dans un lieu qui n’est pas très familier, une villégiature de vacances par exemple). Ou encore à l’apparition de fautes d’orthographe chez des férus de la dictée de Pivot.

(...)

Auteur de l'article original: Charlotte Moreau
Source: Femme Actuelle
Date de publication (dans la source mentionnée): Lundi, 23. Mars 2015
Photo: