Et si, dans quelques années, votre médecin vous prescrivait une séance de musique ? Loin d'être improbable, c'est une possibilité à actuellement à l'étude, notamment dans le cadre de pathologie particulièrement douloureuse. En agissant sur le cerveau, la musique permet de sécréter des hormones qui font office d'anti-douleur, de la même façon que l'hypnose.
Atlantico : D'après des recherches menées par Daniel Levitin, de l'université McGill au Canada, la musique pourrait aider à lutter contre la douleur, notamment en permettant la création de dopamine. Comment l'expliquer ? Quels sont les mécanismes qui se mettent en place dans le cerveau lors de l'écoute de la musique ?

Michel Dib : Pendant l'écoute d'un morceau ou de n'importe quelle piste sonore apaisante, on constate un effet anti-stress qui se manifeste par une chute du taux de cortisol, une hormone stéroïde, mais aussi d'adrénaline. Cette baisse entraîne en parallèle d'une hausse des hormones anti-stress que sont, notamment, la dopamine et la sérotonine.

Ces modifications-là s'accompagnent mécaniquement d'une augmentation des hormones antidouleur de l'organisme, comme l'endomorphine (soit "morphine interne", littéralement).  Par effet de chaine, la musique provoque donc effectivement un effet anti-stress, qui entraîne lui-même la production d'hormones antidouleur.

En outre, il est important de souligner un autre mécanisme, qui diffère des neuromédiateurs précédemment évoqués. Dans les faits, écouter de la musique permet d'entrer dans un état physiologique comparable à l'hypnose. Cet état hypnotique se renforce pendant l'écoute entraînant ainsi les effets antidouleur connus et réputés de l'hypnose. On connait moins bien les mécanismes qui confèrent à l'hypnose ces vertus, mais on sait que cela passe également par les hormones du stress. L'état hypnotique entraîne aussi une activation de l'inconscient et une baisse de contrôle corporel du conscient. Cet état de détente globale influe sur la douleur : quand on parle d'effet apaisant, c'est d'une action du cerveau dont on parle. Concrètement, il s'agit d'une baisse des hormones susceptibles d'exciter (comme l'adrénaline) tandis que celles qui inhibent (la dopamine, par exemple) connaissent une certaine hausse.

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Auteur de l'article original: Rédaction - Michel Dib
Source: Atlantico
Date de publication (dans la source mentionnée): Lundi, 10. Août 2015
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