Sclérose en plaques: l’espoir d’un nouveau traitement
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Le Dr Fabian Docagne* explique l’action d’un anticorps qui parviendrait à bloquer l’évolution de cette maladie incurable.
Paris Match. Comment cette maladie auto-immune agresse-t-elle l’organisme ?
Dr Fabian Docagne. Les lymphocytes T du système de défense immunitaire attaquent les propres cellules de l’organisme, spécifiquement celles de la gaine protectrice entourant les fibres nerveuses, la myéline, qui facilite également la communication entre les neurones : le cerveau et la moelle épinière ont des difficultés à transmettre les informations. Cette pathologie, deux ou trois fois plus fréquente chez les femmes, apparaît entre 20 et 50 ans.
Quels sont les symptômes de cette attaque de la myéline ?
Selon la localisation : une gêne à la marche, une réduction de la mobilité, une incontinence, une perte d’équilibre, des fourmillements au niveau d’un ou de plusieurs membres, des anomalies de la vision…
Comment établit-on avec précision le diagnostic ?
Un examen d’imagerie cérébrale (IRM) permet de détecter des plaques caractéristiques des parties atteintes dans le cerveau et la moelle épinière.
De quelle façon évolue la maladie ?
Cela dépend de sa forme. 1. La plus répandue, rémittente récurrente (55 % des cas), évolue par poussées pendant lesquelles les symptômes varient selon leur gravité, avec des périodes de rémission. 2. Dans les formes primaires et secondaires progressives (respectivement 20 et 25 % des cas), la sclérose évolue régulièrement sans poussées ni phases de récupération. A un stade avancé, la maladie devient très invalidante. En France, elle est la deuxième cause de handicap chez les jeunes adultes après les accidents de la route.
Quels sont les traitements actuels ?
Ils visent à cibler le système immunitaire avec des immunomodulateurs. Les uns ont pour but d’inhiber l’action des lymphocytes T agresseurs, les autres de bloquer leur entrée dans le cerveau et la moelle épinière, certains de les empêcher de quitter l’organe qui les fabrique (telle la rate). Mais, aujourd’hui, aucun traitement ne permet d’arrêter l’évolution de la maladie. On peut seulement la ralentir et limiter l’apparition des poussées.
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* Chercheur à l’Inserm au Centre Cyceron (Caen).