Fin de vie : le temps d’être enfin soi ?
- 1018 lectures
Les premières études concernant le « temps du mourir » révèlent bien des surprises sur les processus psychologiques à l’œuvre.
Penser à sa fin de vie est pour beaucoup très difficile, voire quasi impossible. Mais ce défi spécifiquement humain souffre de plus, aujourd’hui, d’être associé à des images extrêmes. D’un côté, les conflits militants autour du droit à l’euthanasie, au suicide assisté. De l’autre, les images embellies des productions hollywoodiennes, tous ces films dans lesquels le mourant dit «je t’aime» à ceux qui restent, où les secrets familiaux sont enfin dévoilés.
La détresse, inévitable en fin de vie?
Prise entre combats virulents et fantasmes de lâcher-prise facile, la fin de vie s’est vue - hormis les travaux du Dr Kübler-Ross - psychologiquement délaissée. Heureusement, quelques études commencent à émerger, notamment de la part de professionnels des soins palliatifs qui, avec le recul possible d’un service désormais éprouvé, peuvent approfondir leur recherche.
C’est le cas notamment de la psychologue Axelle van Lander. Professionnelle de terrain en soins palliatifs au CHU de Clermont-Ferrand, cette experte du «mourir», après une décennie de travail, est devenue doctorante. Au départ de sa thèse de recherche, quelques interrogations qui s’étaient mises à l’habiter: la détresse psychologique est-elle inéluctable en fin de vie? Et pourquoi, chez certains, observe-t-on une certaine sérénité, alors même que leur maladie progresse et que l’heure du décès approche?
«Je voulais décrire pourquoi, et notamment chez ceux qui souhaitent maintenir jusqu’au bout les entretiens avec les psychologues, la fin de vie peut devenir, du point de vue identitaire, une opportunité», confie la chercheuse qui publie Apports de la psychologie clinique aux soins palliatifs (Éd. Érès).
«Crise du mourir»
Ce sont donc 344 patients admis en soins palliatifs et 1.120 entretiens menés par 26 psychologues qui ont constitué la base de données de cette étude sur «la crise du mourir». La psychologue a ainsi pu établir que «même aux dernières heures, les changements identitaires sont encore possibles pour la personne, ce qui signifie d’une certaine manière qu’elle peut être vivante jusqu’au bout».
(...)