Présidentielle : le "parcours du combattant" des sourds et des aveugles pour suivre la campagne
- 1065 lectures
Connaître les programmes des candidats, écouter les meetings, regarder un clip de campagne... Autant d'actions a priori banales, pas si simples pour les personnes en situation de handicap.
Le débat revient à chaque campagne : à quel âge faut-il fixer l'âge de départ à la retraite ? Chacun des 11 candidats à la présidentielle a sa petite idée sur la question. A priori, connaître leur position sur le sujet n'est donc pas une épreuve insurmontable. A moins d'être aveugle, sourd, malentendant ou malvoyant. Dans ce cas, obtenir une réponse à cette simple question – et suivre la campagne électorale en général – "relève du parcours du combattant", témoigne Manuel Pereira, aveugle et responsable du pôle accessibilité numérique de l'association Valentin Haüy.
L'organisation a demandé à 21 personnes non-voyantes, malvoyantes ou seniors de faire le test en cherchant cette information précise sur les sites officiels des 11 prétendants à l'Elysée. Un quart d'entre eux ont abandonné leurs recherches. Pour les autres, il a fallu en moyenne sept minutes pour trouver la réponse à cette question de fond. Environ 30% des participants à ce test ne se considèrent pas autonomes dans leur navigation, ils estiment qu'ils ont besoin d'aide pour consulter les sites des candidats.
"L'information est très complexe à trouver"
"Le programme est téléchargeable en PDF non-accessible [aux malvoyants et non-voyants], peut-être que l'âge de départ à la retraite est mentionné dans les 44 pages ?" s'interroge ainsi Philippe, non-voyant de 44 ans, cité par l'association Valentin Haüy. "Le gros problème sur ces sites est qu'il n'existe pas de moteur de recherche ou de plan du site, constate Pierre, non-voyant de 56 ans. L'information semble présente, mais très complexe à trouver." "Les politiques ne se sont pas emparés de la question de l'accessibilité numérique pour une personne en situation de handicap ou un senior, se désole Manuel Pereira. On constate qu'ils ne maîtrisent pas du tout le sujet et c'est grave." (...)