Le téléphone sonne - France Inter - Nos enfants sont-ils trop exposés aux écrans ? - mardi 6 juin 2017
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Dans une tribune au "Monde", des médecins alertent sur les graves troubles du comportement et de l’attention qu’ils observent de plus en plus chez les tous petits.
Ecrans et troubles de l'attention
Anne-Lise Ducanda : "On a des enfants qui en 5 minutes retournent un bureau. Ils touchent à tout, prennent tout, jettent tout. Ils sont très agités".
Carole Vanhoutte est elle aussi médecin en PMI ; elle évoque les cas, rencontrés en cabinets d'orthophonie, d'enfants devant les écrans de 6 à 7 heures d'exposition par jour, et ce parfois dès la naissance.
Est-ce vraiment trop ? Oui, car même si les estimations varient selon les pays, les académies américaine et canadienne estiment par exemple que le temps d'exposition (même passif, avec la télé allumée dans le salon par exemple) est d'une heure par jour, au maximum deux heures.
De l'importance du jeu pour le développement de l'enfant
Carole Vanhoutte : "Quand on demande aux parents, soit de diminuer, soit de supprimer complètement les écrans, on s'aperçoit que l'enfant redémarre. Le simple fait d'arrêter les écrans permet aux familles de repartir en interaction ; c'est un argument de poids qu'il faut faire passer aux familles."
Retard de langage
L'ensemble des connexions des neurones se fait entre 0 et 3 ans. Carole Vanhoutte explique que "plus l'enfant va être sollicité, plus l'enfant va être en interaction - avec les parents, les autres, mais aussi les objets". Elle rappelle l'importance de la symbolique des objets, déterminante pour la construction de l'enfant.
Le jeu est fondamental parce qu'il permet à toutes ces interactions-là de se faire. Les écrans détournent l'enfant et notamment le regard de l'enfant. Pour être vraiment dans le langage, il faut un parent attentionné, avec qui l'enfant parle de la même chose, montre la même chose... Ça se joue dès la maternité.
Trouble du spectre autistique
Il y a une augmentation exponentielle d'enfants qui sont diagnostiqués comme appartenant au trouble du spectre autistique (difficulté de communication, regard fixe...). Ils sont envoyés dans des centres, mais une fois qu'on diminue leur accès aux écrans, rapidement, les enfants ne présentent plus ces troubles.
Les "mains-papillons"
Anne-Lise Ducanda rapporte aussi à l'antenne le témoignage d'une enseignante, qui a constaté depuis quelques années ce qu'elle appelle des "mains papillons" : une grande partie de ses élèves n'arrivent pas à fermer leurs doigts, ni à se servir d'un crayon, ni à laisser une trace sur le papier parce que leurs mains sont comme des petits papillons sans force. (...)