Les chercheurs estiment que leur dispositif pourrait être complémentaire à l’endoscopie.

Les chercheurs ne manquent décidément pas d’imagination. Dans Science translational medicine , une équipe de l’université Case Western Reserve (États-Unis) propose de «ramoner» l’œsophage avec un petit ballon pour détecter précocement les lésions précancéreuses.

Enfermé dans une petite capsule, ce ballon en plastique mou mesurant moins de 2cm est relié à un fin cathéter. Une fois la capsule avalée, le ballon est gonflé. Le médecin tire ensuite sur le fil pour faire sortir le dispositif. Lors de cette étape, la surface rugueuse du ballon frotte les parois de l’œsophage et prélève des cellules qui seront ensuite analysées. «C’est facile et rapide. Cela prend seulement 5 minutes. Vous pouvez faire le test chez votre médecin sans aucune anesthésie», s’enthousiasme le Dr Markowitz, spécialiste de la génétique des cancers digestifs et co-auteur de ces travaux. Pour les chercheurs, ce système permettrait de repérer rapidement l’œsophage de Barrett, l’état précancéreux le plus fréquent du cancer de l’œsophage observé à la jonction entre l’œsophage et l’estomac. Cette capsule-ballon pourrait même être complémentaire à l’endoscopie, l’examen de référence nécessitant généralement une anesthésie générale.

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«Le dispositif est ingénieux mais il n’est pas si nouveau. Il y a 10 ans, une équipe a présenté un précurseur baptisé «cytosponge», commente le Pr Xavier Dray, gastro-entérologue spécialiste de l’endoscopie digestive à l’hôpital Saint Antoine (AP-HP). Il s’agissait là aussi d’une capsule reliée à un fil qui libère une éponge permettant de ramener des cellules de la paroi œsophagienne».
Des outils simples qui sont bien tolérés. La quasi-totalité des 86 volontaires de l’étude menée par l’université Case Western Reserve ont rapporté qu’ils pourraient répéter l’intervention. Ils sont aussi très nombreux à dire qu’ils conseilleraient ce mode d’examen à leurs amis qui doivent subir une endoscopie. Les auteurs soulignent tout de même que plusieurs participants ont eu du mal à avaler la capsule.

Un dépistage difficile à mettre en place
Le système est également précis. L’analyse ADN réalisée à partir des cellules collectées permet de repérer deux anomalies caractéristiques du trouble de l’œsophage de Barrett avec une précision de 90%. Des résultats encourageants qui font dire aux chercheurs américains que ce dispositif pourrait être utilisé dans le cadre d’un dépistage. Reste que la population cible est encore loin d’être connue. (...)

Auteur de l'article original: Anne-Laure Lebrun
Source: Le Figaro.fr
Date de publication (dans la source mentionnée): Samedi, 20. Janvier 2018
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