Pédopsychiatre : une spécialité en voie d'extinction ?
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Le nombre de pédopsychiatres ne cesse de diminuer en France. La situation devient dramatique.
Ils sont 593 à exercer en France, mais le nombre de pédopsychiatres se réduit comme peau de chagrin. En dix ans, il a été divisé par deux. Ces médecins assurent le repérage et la prise en charge précoce des troubles psychiques des jeunes. Décrochage scolaire, harcèlement, traumatismes, autisme... Les besoins sont énormes pour une spécialité quasiment en voie de disparition.
L'Artois, un territoire en difficulté
Dans l'Artois, une zone rurale du Pas-de-Calais, le manque de pédopsychiatres se fait cruellement ressentir. L'Etablissement public de santé mentale (EPSM) Val-de-Lys Artois est le seul de la région. L'unité fonctionne un peu comme une parenthèse dans la vie des adolescents qui y sont pris en charge. Ils souffrent de crises d'angoisse, de dépression ou de phobie scolaire. Tous ont besoin de se reconstruire. Mais seuls les cas les plus urgents ont la chance d'être reçus.
Le service est en sous-effectif. Il ne parvient pas à répondre à la demande : "Nous perdons le lien avec beaucoup d'enfants. Faute de pédopsychiatres, le suivi n'est pas optimal. Les parents demandent consultation. Il faut attendre longtemps et au bout d'un moment, les familles se lassent et les enfants ne sont vus qu'en situation d'urgence", déplore Marie-Laure Temprement, l'une des infirmières de l'unité.
Dans ce service, deux pédopsychiatres au lieu de quatre, assurent le suivi d'une centaine de patients. Des conditions de travail plus que décourageantes. "Une de mes collègues est en épuisement, une autre en vacances... Je suis proche de la fermeture. Risque sanitaire et une perte de moyens et de chance pour nos adolescents. On est en train de créer une fracture territoriale", témoigne le Dr Laurent Lauwerier, le pédopsychiatre qui dirige l'unité.
Les élus en appellent "à la responsabilité de l'État"
Très peu de médecins souhaitent s'installer en Artois, un territoire situé à une heure de Lille. Pourtant, dans le Pas-de-Calais, le besoin de soins est plus que nécessaire. Un habitant sur cinq est en situation de pauvreté. La mortalité par suicide ou liée à l'alcool est plus élevée qu'ailleurs.
Depuis des années, le directeur de l'hôpital et les élus locaux tirent la sonnette d'alarme. Ils en appellent à la responsabilité de l'Etat qui selon eux, doit inciter les médecins à s'installer dans ces zones sinistrées. "Comment compenser le handicap géographique ? En proposant des réponses financières et administratives plus attirantes pour les médecins. Y compris pour les enfants, parce que les psychiatres viendraient avec leur famille", suggère André Flagolet, le maire de Saint-Venant.
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