Une équipe de chercheurs suédois en partenariat avec Cambridge aurait trouvé le moyen de détruire des particules toxiques agissant dans la destruction des cellules saines du cerveau aggravant la maladie d'Alzheimer.
Atlantico : En quoi consiste exactement cette découverte ?

Dr Maï Panchal : La maladie d'Alzheimer est une maladie neurodégénérative qui est due à l'accumulation de protéines toxiques dans le cerveau. L'une de ces protéines toxiques s'appelle la protéine beta-amyloïde (ou Abeta).

Dans les conditions normales, la protéine Abeta est produite dans le cerveau en petite quantité. Cette protéine Abeta se dégrade ensuite dans l'organisme. Dans la maladie d'Alzheimer, il existe un déséquilibre: la protéine Abeta n'est plus bien régulée et elle se retrouve en trop grande quantité dans le cerveau. Elle commence alors à s’agréger sous forme de petites formes appelées "oligomères" qui sont très toxiques pour les neurones. Ces oligomères continuent à s'agréger entre eux pour former de longues fibrilles insolubles qui forment à terme, les plaques amyloïdes dans le cerveau des malades d'Alzheimer.

Plusieurs essais cliniques ayant pour but de nettoyer le cerveau en enlevant les plaque amyloïdes ont échoué; en effet, on sait maintenant qu'il faut agir bien en amont de la formation des plaques amyloïdes, au moment de la formation des petits oligomères d'Abeta toxiques.
Le grand défi des scientifiques est maintenant de trouver des molécules capables d'empêcher la formation de ces oligomères d'Abeta, afin d'enrayer le processus d'agrégation au plus tôt.

Dans cette étude, des chimistes anglais et suédois ont collaboré ensemble sur le développement d'une nouvelle méthode de cinétique chimique. Cette méthode a permis de tester des molécules-candidats capables de réduire le nombre d'oligomères d'Abeta formés pendant la phase d’agrégation. Les chimistes ont réussi à générer une molécule dérivée de la rhodanine qui est capable d'empêcher la formation des oligomères d'Abeta.

Ces particules toxiques pourront-elles être totalement éradiquées ? Quelle action ont-elles exactement sur les cellules saines du cerveau ?

Dans cette étude in vitro (expériences réalisées dans des tubes à essai), les chimistes montrent que leur molécule-candidat est capable d'empêcher spécifiquement la formation des oligomères d'Abeta. C'est une belle démonstration mais cela reste une première étape dans le développement d'un nouveau traitement de la maladie d'Alzheimer. Il faut tout d'abord tester cette molécule-candidat dans des modèles expérimentaux plus complexes (neurones, souris malades d'Alzheimer) et analyser in vivo son efficacité à réduire la formation des oligomères toxiques d'Abeta dans le cerveau. (...)

 

Auteur de l'article original: Rédaction Atlantico.fr
Source: Atlantico.fr
Date de publication (dans la source mentionnée): Vendredi, 5. Octobre 2018
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