Polémique sans précédent: Marisol Touraine a décidé de maintenir le remboursement des quatre médicaments «anti-Alzheimer». Or, ils sont dénoncés comme inefficaces et toxiques par la Haute autorité de santé.

Que faire? Ils sont aujourd’hui entre 30.000 et 40.000 à prendre quotidiennement l’un des quatre médicaments «anti-Alzheimer» (1) pouvant, officiellement, leur être prescrits. Soit une dépense pour la collectivité de l’ordre de 180 millions d’euros par an. Or, ces quatre médicaments sont officiellement reconnus comme d’une efficacité nulle et potentiellement toxiques chez ces malades fragiles.

Ce scandale sanitaire couvait à bas bruit depuis des années. Slate.fr l’avait dénoncé il y a plus de cinq ans. L’affaire est aujourd’hui de notoriété publique: après bien des atermoiements, la Haute Autorité de Santé (HAS) vient de prendre position. Sans ambiguïté: elle estime «que l’intérêt médical de ces médicaments est insuffisant pour justifier leur prise en charge par la solidarité nationale».

Cette conclusion sans nuance des experts semblait annoncer la fin d’une incohérence qui durait depuis près de vingt ans et avait coûté au total, via l’assurance maladie, plusieurs milliards d’euros à la collectivité nationale. Or, à peine la HAS avait-elle parlé que Marisol Touraine rejetait ses conclusions. Le 26 octobre, elle désavouait les experts de la HAS affirmant, sur RTL qu’elle était opposée au déremboursement de ces quatre médicaments.
Incohérence

La ministre de la Santé expliquait qu’elle entendait, dans un premier temps, que soit mis en place «un protocole de soins». «Tant que ce protocole de soin ne sera pas non seulement élaboré, mais mis en œuvre, la question du déremboursement ne peut pas et ne doit pas se poser», déclarait alors Marisol Touraine. Sans plus d’explications.

La ministre de la Santé décidait, comme l’avait fait son prédécesseur Xavier Bertrand, de ne rien changer au système en place en dépit de son incohérence. Une incohérence publiquement dénoncée de longue date par des spécialistes. Comme en janvier 2011,  sur France Culture par les docteurs Claude Leicher, président du syndicat de la médecine générale, et Bruno Toussaint, directeur de la rédaction de la revue Prescrire.

Ce sont des médicaments qui tuent. Certes, ils ne tuent pas toujours et pas tout de suite, mais ce sont des médicaments qui tuent

(...)

 

Auteur de l'article original: Jean-Yves Nau
Source: Slate
Date de publication (dans la source mentionnée): Lundi, 21. Novembre 2016
Photo: