Applis, visiocasques, avatars, les psychiatres adoptent l’e-santé
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Au congrès annuel de psychiatrie (L’Encéphale 2018), plusieurs expériences ont montré les potentialités de l’alliance du numérique et du médecin.
«Pas de problème, je vais mettre des poules dans le chemin.» Le psychiatre s’adresse ainsi à sa patiente qui utilise un casque de réalité virtuelle (visiocasque). Objectif: la confronter, en douceur, à sa phobie des oiseaux et en l’occurrence… des poules.
«Dans le service de psychiatrie du Pr Lançon à l’hôpital de la Conception à Marseille où je travaille, nous utilisons la thérapie par exposition à la réalité virtuelle pour toutes les phobies, mais aussi dans les TOC (troubles obsessionnels compulsifs), les troubles anxieux généralisés et les stress post-traumatiques», explique à ses confrères le Dr Éric Malbos, psychiatre, mais également chercheur et designer 3D.
Lors du congrès scientifique deL’Encéphale 2018 , une session entière était consacrée à l’apport des nouvelles technologies aux soins des patients en psychiatrie. Phobie des avions, des ascenseurs, des parkings, peur des araignées, du vide, du sang, ou simplement de nager ou de conduire, tous les environnements sont réalisables pour la société C2Care qui travaille avec le CHU de Marseille.
Des capteurs de pouls aux applis pour smartphones
«On sait combien on peut se trouver embarqué dans un jeu en réalité virtuelle, c’est très intéressant en thérapie», remarque le Dr Dominique Servant, responsable de l’unité spécialisée sur le stress et l’anxiété au CHU de Lille. Mais l’outil favori du Dr Servant n’est pas seulement la réalité virtuelle. Le psychiatre pioche dans les différents outils technologiques vendus au public, des capteurs de pouls aux applis pour smartphones.
«La plupart de ces outils sont basés sur des techniques que nous connaissons bien en psychiatrie. Ils viennent s’intégrer à notre pratique, ils ne la remplacent pas»
Pr Antoine Pelissolo
«Proposer un entraînement au contrôle respiratoire contre l’anxiété, ça n’est pas nouveau, explique le Dr Servant, ce qui l’est, c’est de le faire avec ces outils technologiques simples à utiliser .» De plus, en voyant immédiatement le résultat de ses actions grâce à des capteurs, l’usager ajuste mieux ses exercices. «Ce n’est pas la même chose si je vous dis juste de respirer lentement ou si je vous demande de vous caler sur le rythme 6 avec le feedback de l’appareil», explique le Dr Servant.
Dans le numéro de janvier de la revue scientifique The Lancet Psychiatry , des chercheurs du King’s College de Londres viennent de montrer l’intérêt des avatars (personnes virtuelles) dans les hallucinations auditives (on entend des voix) si fréquentes dans la schizophrénie. (...)