L'Autorité de la concurrence propose, entre autres, de dissocier l'achat du suivi pour aider les nombreuses personnes qui ont besoin d'un appareillage.

Deux millions de personnes sont porteuses d'audioprothèses, en France, et plus d'un million de patients restent à appareiller. Le prix moyen pour équiper les deux oreilles (c'est le cas le plus fréquent) revient à 3 000 euros, avec environ 1 000 euros pour les appareils et 2 000 euros de prestations de l'audioprothésiste. Une somme hors de portée de beaucoup de bourses, puisque le reste à charge est d'environ 2 000 euros par patient. En effet, le remboursement par l'assurance maladie n'est que de 240 euros. Il n'a pas évolué depuis 1986... Il faut y ajouter en moyenne 800 euros provenant des complémentaires santé.

L'Autorité de la concurrence a donc décidé de s'emparer de ce problème. Et les chiffres fournis dans le rapport présenté à la presse sont éloquents : le marché, qui pèse environ un milliard d'euros, est en « forte expansion », avec une progression en moyenne entre 6 % et 7 % par an - et même 9 % en 2015. Les fabricants sont en situation d'oligopole : ils sont six à se partager 90 % du marché. Quelque 3 264 audioprothésistes officient actuellement en France, dont 60 % dans des enseignes spécialisées, 30 % en indépendants et 10 % chez des opticiens.

De plus, sous l'effet des innovations et du passage de l'analogique au numérique, le prix des audioprothèses a tendance à augmenter. Et le fait de payer la somme totale dès l'achat du dispositif « pose des problèmes », a estimé la présidente de l'Autorité, Isabelle de Silva, lors d'une conférence de presse. Il est aujourd'hui « impossible » pour un patient de comparer les prix entre eux car leur détermination est « très opaque ». Interrogée par l'Agence de presse médicale (APM) sur la possibilité d'une entente, elle a indiqué que ce point n'était pas l'objet du rapport, sans toutefois en exclure l'hypothèse.

Stimuler la concurrence

Selon le rapport, un découplage permettrait de réduire le coût d'entrée de l'équipement, d'économiser le prix des prestations dont le patient pourrait ne pas bénéficier - en raison d'un déménagement, par exemple - et faciliter le changement d'audioprothésiste en cas d'insatisfaction. Mais, pour mettre en œuvre ce « changement important », il faut que la sécurité sociale modifie son mode de remboursement (et l'augmente…). La baisse attendue du prix immédiat pourrait être de 30 %, soit 450 euros sur le prix moyen. Cela permettrait aussi de stimuler la concurrence en incitant également les audioprothésistes à « différencier » les forfaits de suivi pour se diriger vers une individualisation des offres.

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Auteur de l'article original: Anne Jeanblanc
Source: Le Point
Date de publication (dans la source mentionnée): Lundi, 19. Décembre 2016
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