Automutilation : mal-être et volonté de vivre ?
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Amputation, morsures, coups… que recouvre le terme auto-mutilation ? Et à quels troubles peut-on associer cet acte ?
Selon le classement de référence Favazza et Rosenthal (1993) décrit sur www.psycom.org, on distingue :
Les automutilations majeures (amputation…) : les actes sont souvent multiples pratiqués dans une extrême impulsivité, souvent lors d’une crise psychotique. Le risque de décès est élevé ;
Les automutilations stéréotypées (morsures, coups…) : ces dernières sont le plus souvent rapportées chez des gens présentant « un retard mental, un trouble autistique, psychotique sévère… »
Les automutilations superficielles ou modérées : ces blessures sont les plus superficielles et n’engagent pas le pronostic vital.
L’automutilation se caractérise par une atteinte irréversible d’un membre ou d’un organe (se couper un doigt, perforer un organe…). Contrairement aux idées reçues, « ce geste n’est pas obligatoirement effectué dans le but de se donner la mort », explique le Pr Philippe Duverger, pédopsychiatre au CHU d’Angers. « Mais la perte de contrôle peut dans certains cas mettre en jeu le pronostic vital. »
« L’automutilation est une forme particulière de lutte contre le mal de vivre », renseigne David Le Breton, sociologue et auteur de l’ouvrage ‘La peau et la trace’. « En s’infligeant une douleur incontrôlée, l’individu lutte contre une souffrance infiniment plus lourde. Ce n’est nullement une volonté de mourir mais, à l’inverse, une volonté de vivre. Il s’agit de payer le prix de la souffrance pour essayer de s’en extirper. »
Un acte bien plus rare que la scarification
Comparée à la scarification, l’automutilation reste « rare. Ces accidents surviennent chez des patients présentant une grave pathologie psychiatrique, au cours d’un délire psychotique par exemple », détaille le Pr Duverger. Ce geste n’est donc pas exclusivement réservé aux adolescents.