AVIS D’EXPERT - Le Dr Olivier Nagarra, neuroradiologue à l’hôpital Sainte-Anne, fait le point sur ce traitement de référence d’un accident vasculaire cérébral ischémique, seconde cause de mortalité de l’adulte en France.

L’accident vasculaire cérébral ischémique (AVCI) est, en France en 2017, la seconde cause de mortalité de l’adulte, responsable d’un décès sur dix. Communément appelé «attaque» cérébrale, l’AVCI est la principale cause de démence, après la maladie d’Alzheimer. On considère qu’un AVC survient toutes les quatre minutes, laissant nombre de patients lourdement handicapés ; son coût, pour les organismes de santé, se chiffre en milliards. Toute personne doit connaître ces signes d’alerte: l’apparition, brutale et soudaine, d’une paralysie du visage, d’une incapacité à s’exprimer, à bouger un membre, doit conduire sans délai à appeler le Samu (15). Une course contre la montre débute alors pour sauver le cerveau et des neurones qui disparaissent par millions chaque minute qui s’écoule.
À l’arrivée à l’hôpital, toute une équipe de soignants est mobilisée, car alertée en amont afin de gagner le maximum de temps. Il faut immédiatement identifier l’AVC grâce à une imagerie du cerveau, scanner ou IRM, qui doivent être disponibles 24 heures sur 24. Le responsable de cet AVC est, dans la majorité des cas, un caillot qui, depuis le cœur ou les artères du cou, se déplace, emporté par le flux sanguin, jusqu’à occlure une des artères qui nourrissent le cerveau. Là, ce caillot stoppe son cheminement et provoque un arrêt brutal du flux sanguin ; aussitôt, la partie du cerveau qui n’est plus alimentée cesse de fonctionner. Faire disparaître ce caillot le plus vite possible est donc la priorité absolue de tout traitement à la phase aiguë d’un AVCI.
Le traitement de référence a changé au tout début de l’année 2015. Il consistait jusqu’alors en une thrombolyse intraveineuse (TIV), perfusion d’un médicament pouvant dissoudre le caillot. Son efficacité est toutefois imparfaite puisque le caillot ne disparaît pas toujours, ou trop tard pour empêcher la constitution de lésions cérébrales irréversibles.
Un cathéter dans l’artère

Plusieurs études internationales, dont l’une menée en France (étude Thrace), ont montré en 2015 et 2016 qu’une technique radiologique, proposée moins de six heures après le début des symptômes, pouvait permettre d’offrir à un plus grand nombre de patients une vie sans handicap après un AVC. Puisque le médicament de référence ne fonctionne pas toujours, pourquoi ne pas directement retirer le caillot? Ainsi était née la thrombectomie mécanique, action de retrait du caillot par capture dans un stent (sorte de petit ressort métallique) ou aspiration directe. (...)

Auteur de l'article original: Le Figaro
Source: Le Figaro.fr
Date de publication (dans la source mentionnée): Dimanche, 3. Septembre 2017
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