Cancers en France : des disparités géographiques persistantes
- 1003 lectures
L’incidence des différents cancers varie selon les départements dans notre pays. C’est une observation constante depuis plusieurs années dans les cancers du poumon chez l’homme notamment. L’Institut national du Cancer (INCa), l’Institut de Veille sanitaire (InVS), le réseau des registres des cancers Francim et le service de biostatistique des Hospices Civils de Lyon (HCL) publient leurs dernières estimations annuelles de l’incidence régionale et départementale des cancers. Objectif : donner aux acteurs de santé publique les informations nécessaires pour ajuster les politiques de santé aux besoins de la population locale.
L’étude porte sur la période 2008-2010 et l’ensemble du territoire métropolitain. Huit cancers chez l’homme et huit chez la femme ont été pris en compte. Des disparités départementales apparaissent clairement pour certains cancers, notamment ceux liés au tabac ou à l’alcool. Ce qui peut probablement s’expliquer par les variations d’exposition des populations à ces facteurs de risque. Par exemple, l’incidence chez les hommes des cancers des lèvres-bouche-pharynx, du larynx, du poumon et de l’œsophage est plus élevée dans les départements du nord du pays. Ces zones géographiques présentent en effet un taux de consommation de tabac et d’alcool supérieur à la moyenne nationale.
Ainsi, dans le détail, observe-t-on une incidence très élevée de ces cancers notamment dans le Pas-de-Calais avec 38,1 cas pour 100 000 pour les cancers des lèvres-bouche-pharynx, 7,9 pour le cancer du larynx, 64,5 pour le cancer du poumon et 13,3 pour celui de l’œsophage. La moyenne nationale est de 20,6 pour le cancer des lèvres-bouche-pharynx, de 6 pour le larynx, de 49,7 pour le poumon et de 7 pour l’œsophage. « Parallèlement, les départements de l’ouest et du sud de la France sont en situation de sous-incidence pour ces cancers », indiquent les auteurs.
Des disparités moins claires
Chez les femmes, l’incidence du cancer du poumon est quant à elle plus élevée dans le sud et en Île-de-France. Tandis que la moyenne nationale est de 15,2 cas pour 100 000, l’incidence s’élève à 18,6 dans les Alpes-Maritimes, 19 dans l’Hérault, 18,6 en Haute-Garonne et 17,5 en Ile-de-France. Tous des départements très urbanisés.
Pour les autres cancers étudiés, comme celui du côlon, des testicules ou du sein, les disparités départementales apparaissent moins nettes. Il s’agit de cancers dont les facteurs de risque sont moins connus. En effet, les autres localisations cancéreuses analysées dépendent moins des facteurs de risque personnels tels que le tabagisme et la consommation d’alcool. « Les facteurs de risque de ces autres cancers induisent des sur-risques beaucoup moins élevés et probablement beaucoup plus diffus spatialement », précisent les auteurs du rapport. (...)