Des neurologues français rapportent le cas incroyable d’un patient dont la main droite s'opposait à ce que voulait faire sa main gauche. Une situation qui a duré deux ans.

CAS CLINIQUE. Voilà un cas clinique prodigieusement déroutant ! Un de ceux dont on se demande à leur lecture s’ils sont bien réels tant ils semblent tirés du scénario d’un film fantastique. Des neurologues et neuropsychologues marseillais rapportent dans la très sérieuse revue Frontiers in Human Neuroscience l’histoire d’un homme de 45 ans chez qui la main droite n’en faisait pour ainsi dire qu’à sa tête, s’opposant à l’action entreprise par la volonté du sujet de sa main gauche.

Cela s’est traduit par des symptômes on ne peut plus étranges. Jugez plutôt : un jour, alors qu’il se promène dans son quartier et s’apprête à tourner à gauche, sa main droite attrape brusquement un poteau et ne le lâche plus. Il reste alors bloqué à tourner autour pendant plusieurs minutes jusqu’à ce que sa main se décide à le lâcher et qu’il reprenne sa route. Un autre jour, alors qu’il conduit sa voiture, sa main gauche veut tourner le volant mais sa main droite s’y oppose. Il lui est alors impossible de tourner à gauche, ce qui le contraint à faire un virage à droite. Une autre fois, alors qu’il veut ralentir et que son pied gauche est sur le frein, c’est son pied droit qui appuie sur l’accélérateur. Autre comportement déroutant, alors que le patient enfile son pantalon avec sa main gauche, sa main droite tente de l’abaisser. Enfin, dans ce que le patient lui-même décrit comme une « farce », sa main droite vient lui faucher son portefeuille dans la poche arrière de son jean et refuse de le lui redonner.

Ce trouble, caractérisé donc par un conflit entre les deux mains, porte le doux nom de « dyspraxie diagonistique ». Ce patient en a souffert pendant deux ans. Autant dire que ce jardinier municipal avait perdu la main verte !

Pour en savoir plus sur ce cas clinique, et d’autres tout aussi déroutants, sur les conditions particulières de survenue de ces comportements aussi étranges qu’anormaux, ainsi que sur les résultats de l’IRM cérébrale de ce patient suivi à Marseille, lire l’article de notre journaliste Marc Gozlan sur son blog « Réalités biomédicales ».
 

Auteur de l'article original: Marc Golzan
Source: Sciences et Avenir
Date de publication (dans la source mentionnée): Lundi, 8. Août 2016
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