Comment se fabriquent les souvenirs d’enfance ?
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Les jeunes enfants ont une mémoire prodigieuse. Chaque jour, ils enregistrent une foule d’informations qui leur serviront toute leur vie. Pourtant, une fois adultes, ils ne garderont aucun souvenir personnel de leurs premières années. Comment expliquer ce phénomène ?
La mémoire d’apprentissage, appelée aussi mémoire de raisonnement ou de causalité, est prête à fonctionner dès la naissance. Son développement va ensuite de pair avec la maturité du système neuronal, qui atteint son plein potentiel à la fin de l’adolescence avant de recommencer à décroître. Mais elle dépend aussi d’autres facteurs : la façon dont elle est sollicitée (plus on l’exerce, plus elle s’améliore) et l’affect, c’est-à-dire l’intérêt porté à telle ou telle information. D’où l’importance du jeu et du plaisir dans les apprentissages.
Cette grande quantité d’informations explique en partie le phénomène d’« amnésie infantile ». Pour les spécialistes, l’hippocampe, la région du cerveau chargée de stocker les souvenirs épisodiques (événements, lieux, visages), serait encore trop immature pour tous les stocker. A la façon d’un disque dur, elle aurait alors tendance à les compresser pour laisser de la place aux nouvelles données. Par ailleurs, le tout jeune enfant, encore privé du langage et n’ayant pas encore totalement conscience de son individualité, ne possède pas ce que les psychologues appellent « la mémoire autobiographique », celle qui permet de retrouver et de décrire des événements du passé. Voilà pourquoi les souvenirs de la toute petite enfance, qu’ils soient heureux ou malheureux, semblent disparaître vers 3-4 ans.