Le cabinet Jalma a développé récemment un simulateur en ligne pour estimer le délai d'attente des patients qui souhaitent consulter un médecin en fonction de leur position géographique. Résultat : la hausse est de 13 jours en 5 ans pour un spécialiste, passant de 48 jours à 61 jours.

Atlantico :Si ce temps d'attente pour obtenir un rendez-vous médical peut dépendre du nombre de médecins par habitant, en quoi le critère des revenus des patients peut-il également jouer ? Un patient aux revenus confortables peut-il aujourd'hui réduire ce temps d'attente en faisant, par exemple, appel à des médecins aux prix libres par exemple ?
Frédéric Bizard : Tout d’abord, les tarifs pratiqués par les médecins en France sont parmi les plus bas d’Europe et ne constituent pas d’obstacle pour se soigner. 90% des médecins généralistes n’ont pas accès au secteur tarifaire libre et facturent donc 23 euros une consultation.

Environ 40% des spécialistes ont des tarifs libres et la moyenne des compléments d’honoraires est autour de 55% du tarif de la Sécurité sociale, soit 13 euros par consultation. Enfin, 10 millions de Français aux revenus faibles ne paient rien quand ils vont consulter un médecin.

Le premier déterminant des délais d’attente reste la densité médicale. Par exemple, malgré une baisse de 8% du nombre de médecins généralistes depuis 2008, la densité reste supérieure en France à celle des autres pays développés. D’après l’étude Jalma, le délai d’attente moyen pour consulter un médecin généraliste est de 8 jours en 2017 soit le plus faible de toutes les spécialités. De plus, 90% des médecins généralistes sont en secteur 1, ne pratiquant pas de tarifs libres, ce qui renforce la facilité d’accès.

Il semble plausible que lorsque la demande excède l’offre et qu’une file d’attente se forme, les patients capables de supporter les dépassements d’honoraires, et donc de consulter tout médecin, subiront des délais plus courts. C’est ainsi qu’on constate que les délais d’attente sont plus faibles en moyenne à Paris qu’en province. La densité plus forte à Paris (malgré une forte baisse du nombre de médecins généralistes : -25% depuis 2008) l’explique mais elle s’accompagne d’une forte densité de médecins en secteur 2. Dans les départements où il y a une densité suffisante de médecins en secteur 1 et assez réduite en secteur 2, les patients modestes peuvent retarder leur rendez-vous pour consulter un médecin de secteur .

Auteur de l'article original: Frédéric Bizard
Source: Atlantico.fr
Date de publication (dans la source mentionnée): Dimanche, 26. Mars 2017
Photo: