Démences : La perte d'empathie oriente le diagnostic
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La démence frontotemporale est une maladie neurodégénérative dont le diagnostic n'est pas toujours facile. Pour améliorer son repérage, des tests simples de cognition sociale, évaluant l'empathie, semblent aujourd'hui efficaces.
Alzheimer ou démence frontotemporale ? Pas toujours simple de faire la différence. La démence frontotemporale (DFT) se présente en effet sous trois formes cliniques dont la plus fréquente –dite à variante frontale ou comportementale (vf)- provoque des troubles de la mémoire. Ce fait, souvent méconnu, tend à aiguiller une partie des patients vers un diagnostic de maladie d'Alzheimer, par erreur. Mais cela pourrait bientôt changer : Maxime Bertoux*, en collaboration avec une équipe internationale, a montré que l'évaluation de la cognition sociale pourrait être un outil efficace pour distinguer les deux maladies : "la cognition sociale est l'ensemble des capacités cognitives qui permettent à une personne de s'adapter à son environnement social" explique le chercheur.
Pour leur étude, les chercheurs ont eu recours à deux tests : l'un consiste à demander au patient de reconnaître des émotions sur des photographies de visage ; lors du second, le "test des faux pas", des scénettes de vie sont décrites au malade, qui doit distinguer celles qui sont ou non socialement gênantes. L'objectif était d'évaluer si ces deux tests combinés sont pertinents pour différencier des malades atteints de DFTvf de ceux souffrant de la maladie d'Alzheimer.
Les chercheurs ont analysé rétrospectivement le dossier de 96 patients reçus au Centre des maladies cognitives et comportementales de l'hôpital Pitié-Salpêtrière (Paris) et atteints d'une des deux maladies. Tous avaient bénéficié d'un bilan initial comportant l'imagerie, l'analyse du liquide céphalorachidien (LCR), les tests de mémoire et les tests de cognition sociale -dits test mini-SEA (social cognition and emotional assessment). L'analyse consistait à déterminer si les résultats de ces deux derniers types d'examen étaient compatibles avec le diagnostic retenu par l’équipe médicale sur la base de l’ensemble des résultats des examens diagnostiques pratiqués. "Nous avons observé que 85 à 94% des patients peuvent être classés dans le bon groupe –Alzheimer ou DFTvf- en se fiant aux seuls tests mini-SEA. Comparativement, le résultat n'est que de 70% avec les tests de mémoire seuls, ce qui se traduit dans la pratique par un diagnostic erroné de maladie d'Alzheimer chez un patient DFT sur deux". Une zone d'incertitude existait dans 11% des cas : « les tests ne permettent pas alors d'orienter vers l'une ou l'autre de ces maladies. (...)