La perte d'un être cher survient comme un cataclysme, absurde et incompréhensible, qui dévaste tout son quotidien. Le difficile travail de deuil peut se doubler d'une grande solitude. Après la perte de son père à l'âge de 21 ans, Anne-Sophie Tricart a décidé de créer le premier service en ligné dédié aux espaces de mémoire, Paradis Blanc. Elle explique l'importance d'extérioriser le manque du défunt.

Top Santé : Vous avez perdu votre père à l'âge de 21 ans. Comment avez-vous surmonté cette épreuve ?

Anne-Sophie Tricart, fondatrice de Paradis Blanc : C'est arrivé en 2011, il y a quatre ans. Mon père est décédé d'un cancer du poumon. Il a été malade pendant deux ans puis son cancer s'est généralisé. Il est décédé dix jours après ses 60 ans. Le souvenir de son anniversaire, que j'avais organisé, est l'un des derniers souvenirs que j'ai avec mon père.

Après son décès, cela n'a pas été évident. J'aurais préféré trouver un soutien, une épaule auprès de mes amis et de ma famille. Mais au lieu de ça, je me suis retrouvée à m'occuper des histoires d'organisation, de succession, de crémation. Des choses qui polluent le temps et ajoutent à l'épreuve émotionnelle.

On parle des cinq étapes du deuil : choc, déni, colère, marchandage, dépression, acceptation. Tout le monde vit peut-être ce processus dans le désordre mais ce qui est sûr, c'est que tout le monde ne le vit pas au même rythme. Cela peut prendre des mois, un an, dix ans, une vie entière. Chacun le vit ça à sa manière.

A l'enterrement, je me suis retrouvée devant une église en pleurs avec le cercueil de mon père devant moi à devoir lire un discours de 20 lignes alors que j'avais juste envie de m'enfuir. Avec le recul, je me rends compte que cette épreuve m'a donné beaucoup de force. (...)

Auteur de l'article original: Emilie Cailleau
Source: Top Santé
Date de publication (dans la source mentionnée): Lundi, 2. Novembre 2015
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