La surexposition des enfants aux écrans est loin d'être anodine. Des spécialistes délivrent leurs conseils pour que les parents gardent le contrôle. 

Les écrans sont confortablement installés dans la majorité des maisons françaises. D'après l'Observatoire de l'équipement audiovisuel des foyers, en 2017, chaque habitation comptait environ 5,5 écrans (télévision, ordinateur, téléphone mobile, tablette tactile). Pourtant, s'ils font partie du décor, ils demeurent des objets à utiliser avec prudence.

Depuis dix ans, le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) le martèle : « pas d'écran avant 3 ans ». Un message repris récemment par la ministre de la Santé, Agnès Buzyn. En effet, depuis dix ans, les enfants se trouvent plus exposés à un véritable attirail numérique. Aujourd'hui, la question est plus que jamais d'actualité. Selon des données du suivi de plus de 18 000 enfants, un enfant sur deux commence à regarder la télévision avant 18 mois. Entre 20 et 30 % des enfants âgés de 2 ans utilisent même une tablette chaque semaine.

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Vers une épidémie de DMLA ?
Si les études se multiplient, il reste encore difficile d'évaluer certaines conséquences de la surexposition des enfants aux écrans. Cependant, les risques qui pèsent sur la santé des petits sont maintenant bien connus. « La nature même des écrans représente un danger. La lumière bleue des LED est une menace pour la rétine. En effet, le cristallin des plus petits n'est pas encore opacifié et certains ophtalmologistes redoutent une augmentation de DMLA dans les années à venir (dégénérescence maculaire liée à l'âge, qui correspond à une dégradation d'une partie de la rétine macula, NDLR) », alerte le Dr Serge Tisseron, psychiatre et auteur de Apprivoiser les écrans et grandir (aux éditions Érès). L'exposition aux écrans perturbe également le sommeil des enfants et l'endormissement. Mais ce n'est pas tout : elle altère aussi les apprentissages. Comme le rappelle Serge Tisseron, avant 3 ans, les priorités des enfants résident dans la motricité, le langage, le développement des capacités d'attention et la reconnaissance des émotions. « Les écrans ne peuvent pas répondre à ces différents apprentissages, car ils ne permettent pas d'utiliser son corps, ne s'adressent pas directement à l'enfant, n'interagissent pas avec lui et ne lui permettent pas d'apprendre à se concentrer sur une cible fixe. » Les enfants victimes de trop d'écrans présenteraient aussi des difficultés à identifier les émotions, et donc de l'insécurité relationnelle.

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Auteur de l'article original: Johanna Amselem
Source: Le Point
Date de publication (dans la source mentionnée): Vendredi, 9. Novembre 2018
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