Une éprouvette, une blouse…. et un ordinateur. A Marseille, des chercheurs comptent bien exploiter les possibilités offertes par le numérique pour percer les mystères d’une maladie très connue, mais aux causes parfois inexplicables : l’épilepsie.

Lancé il y a quelques jours, le projet Epinov, portée par une équipe de chercheurs de l’AP-HM, mais aussi de l’Inserm et des Hospices civils de Lyon, représente une source d’espoir pour les milliers de personnes atteintes d’épilepsie qui espèrent un jour en guérir.

« On n’en guérit pas »
« La crise d’épilepsie, c’est la manifestation de la maladie, et non la pathologie, rappelle Sophie Chouaki de l'association Epilepsie France. Et les traitements ne font que stopper l’épilepsie, on n’en guérit pas. C’est comme si on faisait en sorte d’arrêter la toux, mais on ne soigne pas pour autant le rhume. »

Sans compter que pour des centaines de patients, les médicaments n’ont plus les effets escomptés. La chirurgie devient dès lors la dernière option pour espérer, un jour, ne plus subir ces crises à répétition. Une intervention sur le cerveau très délicate et dont le taux de réussite n’est que de 60 %. C’est là que l’ordinateur peut jouer un rôle très utile pour les chercheurs du projet Epinov.

Cerveau virtuel modélisé
Ces derniers souhaitent en effet prendre appui sur un cerveau virtuel modélisé sur ordinateur, afin d’affiner leurs diagnostics et leurs connaissances de la pathologie du patient.
« Chez ces patients, on essaie de trouver les zones de cerveau défaillantes, afin d’enlever les zones qui sont génératrices de crise », explique le professeur Fabrice Bartolomei, spécialiste de l’épilepsie et porteur du projet Epinov. Jusqu’ici, les médecins réalisaient un bilan préchirurgical, à l’aide d’électrodes dans le cerveau, mais ces méthodes visuelles restaient limitées. Aussi, les effets de la chirurgie étaient difficiles à anticiper.

Plus intelligent que l’homme
« On s’appuie sur cette forme d’intelligence virtuelle, qui permet de mieux comprendre les mécanismes du cerveau, estime le professeur Bartholomei. En entrant un certain nombre de données dans l’ordinateur, l’algorithme va permettre de modéliser l’activité cérébrale et de reproduire chez le patient le cheminement de ses crises dans son cerveau, de manière plus complète et entièrement informatisée. »
Avant la chirurgie, les médecins pourront ainsi déterminer avec plus de certitudes la zone à opérer, voire si cette opération est nécessaire dans certains cas. De quoi donner un peu d’espoir à des malades comme Christophe pour qui, aujourd’hui, l’opération est à la fois risquée et le dernier recours. (...)

Auteur de l'article original: Mathilde Ceilles
Source: 20 Minutes & agences
Date de publication (dans la source mentionnée): Samedi, 20. Janvier 2018
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