En France, les hommes les plus aisés ont une espérance de vie de 13 ans plus élevée que les plus modestes, cependant dépassée par la majorité des femmes, selon un rapport de l'Insee. En cause, le niveau de vie et l'exposition aux risques, mais aussi... des traits de caractère.

En France, les hommes les plus aisés ont une espérance de vie de 13 ans plus élevée que les plus modestes, tandis que chez les femmes cet écart n'est que de 8 ans, selon un rapport de l'Insee (Institut national de la statistique et des études économiques) de février 2018 examinant la période 2012-2016. En cause : l'accès aux soins, le niveau de vie, l'exposition aux risques, le tabac, ou encore une corrélation entre la capacité à grimper les échelons et celle de préserver sa santé. En 2017, l'espérance de vie à la naissance était de 85,3 ans pour les femmes et de 79,5 ans pour les hommes (soit 5,8 ans d'écart), contre respectivement 84,4 et 77,4 ans en 2007 (7,8 ans d'écart).

Le renoncement aux soins : premier lien entre espérance de vie et niveau social
Le niveau de vie "peut être la cause directe d'un état de santé plus ou moins bon, et donc d'une durée de vie plus ou moins longue". Selon l'Insee en effet, 11% des adultes parmi les 20% plus modestes disent avoir renoncé aux soins pour des raisons financières, contre seulement 1% des 20% les plus aisés. Les "comportements moins favorables à la santé" sont également plus courants chez les plus modestes, dont 39% fument, que chez les plus aisés, dont 21% s'exposent au tabac, comme le montre le Baromètre Santé 2016. De plus, l'exposition à des accidents du travail et des risques professionnels importants est plus élevé chez les ouvriers que chez les cadres. Cependant, il se peut également qu'un mauvais état de santé soit la cause du faible niveau de vie observé en "freinant la poursuite d'études" ou l'accès à un "emploi plus qualifié".

Et si le caractère influait sur l'espérance de vie ?
En 2016, une étude danoise portant sur les données de plus de 6.000 personnes de 20 à 79 ans suggérait que les personnes les plus adeptes des comportements à risque étaient celles qui étaient le moins observants sur leurs traitements (en l'occurence, c'était la prise des statines, molécules contre le cholestérol, qui étaient observées). Ainsi, il existerait une corrélation entre ne pas respecter ses ordonnances et adopter des comportements à risque tels que ne pas mettre sa ceinture de sécurité, fumer, consommer trop d'alcool,etc. L'Insee suggère également qu'il pourrait exister un lien entre "la capacité à surmonter ou éviter les maladies et les accidents" et "la capacité qui permet d’atteindre un niveau de rémunération élevé". (...)

Auteur de l'article original: Camille Gaubert
Source: Sciences et Avenir
Date de publication (dans la source mentionnée): Vendredi, 9. Février 2018
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