"Il faut un plan psychiatrie sur le modèle des plans cancer"
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Un livre choc sur l'état de la psychiatrie française appelle à une vaste réforme. Entretien avec le Pr Pierre-Michel Llorca.
La crise de la psychiatrie nous concerne tous. Il y a, bien sûr, l'état catastrophique des services hospitaliers spécialisés, indignes d'un pays comme le nôtre. Mais, au-delà, 1 Français sur 5 est ou sera touché par une pathologie mentale, à un moment ou à un autre, au cours de sa vie - sans compter les proches des patients, souvent durement affectés eux aussi. Pourtant, la prévention est quasi nulle, et tous les malades n'ont pas accès à des soins de qualité. C'est pourquoi L'Express a choisi de mettre en avant l'ouvrage publié sous l'égide de la Fondation FondaMental et de l'Institut Montaigne, en librairie le 17 septembre*. Leur diagnostic, très fouillé, le montre : le naufrage ne s'explique pas uniquement par le manque, réel, de moyens. Et, surtout, il n'est pas inéluctable. Les pouvoirs publics, au moment où ils s'apprêtent à engager une vaste réforme de notre système de santé, devraient s'inspirer de leurs propositions. Pour que la psychiatrie ne soit pas, une fois de plus, laissée de côté, alors qu'à l'inverse, elle devrait être érigée en priorité nationale. Entretien avec le Pr Pierre-Michel Llorca, chef de service au CHU de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), directeur des soins de la Fondation Fondamental, et coauteur du livre.
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Vous le rappelez largement dans votre ouvrage, les maladies mentales représentent un lourd fardeau pour notre pays...
Pierre-Michel Llorca : 12 millions de personnes souffrent aujourd'hui de troubles psychiatriques - dépression, bipolarité, schizophrénie, anxiété, autisme... Ces affections sont la première cause de décès chez les jeunes adultes, avec 10 000 suicides par an, le premier poste de dépenses de l'Assurance maladie (22,6 milliards d'euros par an) et la première cause d'invalidité et d'arrêt de travail. L'espérance de vie des malades se trouve réduite de dix à vingt ans, en moyenne, par rapport à la population générale. C'est un enjeu de santé publique majeur. Or, depuis vingt ans, les rapports se succèdent sans que les mesures indispensables ne soient prises. Pour des raisons économiques, mais aussi du fait des représentations négatives autour de la pathologie mentale. (...)