Mal recensée, la phobie scolaire concerne officiellement 3 à 5% des collégiens. Cependant, elle est souvent confondue avec l’absentéisme et souffre d’un manque de développement des soins. Le point avec le Prf Marie-Rose Moro, psychiatre.

A la Maison de Solenn, centre pour adolescents au sein de l’hôpital Cochin, les consultations pour phobie scolaire représentent 10% des consultations. Rencontre avec le Prf Marie-Rose Moro, chef de service de la Maison de Solenn.

Allodocteurs.fr : La phobie scolaire est-elle beaucoup répandue ?

Marie-Rose Moro : "On parle de phobie scolaire lorsque l’école est perçue comme un lieu de souffrance et d’angoisse. Au Japon, 40% des élèves souffrent de phobie scolaire. En France, 3 à 5% des collégiens sont concernés. Il y a beaucoup plus de phobie scolaire à Paris et à Lyon que dans le 93, en banlieue ou en zone rurale. Les milieux favorisés sont plus touchés d’après les statistiques. Cependant, il ne faut pas confondre absentéisme et phobie scolaire. La phobie scolaire est un comportement qui peut facilement être confondu avec de l’absentéisme dans les banlieues et les zones rurales. Le taux de phobie scolaire en France est plus élevé que dans les pays scandinaves. Les garçons sont beaucoup plus touchés. Selon les données épidémiologiques, 65% sont des adolescents. De façon générale en pédopsychiatrie, il y a plus de garçons que de filles sauf pour l’anorexie mentale."

Quelles sont les causes de la phobie scolaire ?

Marie-Rose Moro : "Elles sont plurifactorielles. Tout d’abord, l’adolescent lui-même peut présenter des troubles anxieux, se sentir triste ou pas à la hauteur par rapport à l'école. Dès le dimanche soir, il commence à avoir des symptômes somatiques (douleurs abdominales, nausées, vomissements, migraines, etc). Deuxièmement, il y a la structure familiale. En effet, la famille peut mettre inconsciemment trop de pression à l’enfant car elle accorde une place prépondérante à la réussite scolaire. De plus, au sein de la famille, il peut y avoir l’idée que le monde extérieur soit néfaste et que le sentiment de sécurité ne soit possible qu’à l’intérieur de la maison. En outre, le chemin de l’école en lui-même peut être un souvenir traumatique, comme un rappel de racket par exemple. Ou alors la peur de côtoyer les autres élèves en cas de moquerie ou d'harcèlement. Enfin, les méthodes pédagogiques et les relations avec les enseignants peuvent être vécues comme une souffrance." (...)

Auteur de l'article original: Rédaction d'Allodocteurs.fr
Source: FranceinfoTV
Date de publication (dans la source mentionnée): Dimanche, 1. Octobre 2017
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