Langue française : une cédille mal placée, et c’est tout un monde qui s’écroule
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Un bien joli dossier, comme on les aime, que celui de L’Hebdo, ce jeudi, tout fraîchement paru. Notre collègue Julien Burri y démontre la thèse suivante: «L’école n’arrive plus à inculquer la maîtrise de l’orthographe au plus grand nombre, même si cette dernière reste capitale pour avoir accès au monde du travail. Avec les nouvelles technologies, l’usage de l’écrit correspond de moins en moins aux règles. Politiciens frileux et maîtres d’école réfractaires bloquent des réformes qui permettraient d’adapter une graphie souvent arbitraire, voire absconse.»
Et de multiplier les exemples, cocasses, de ce «jeu de massacre»… Massacre de l’orthographe, de la syntaxe, de la grammaire, du lexique, de la prononciation, et l’on en passe. Attention, démonstration:
• «Je me réjouie de ne pas être la seule jalouse.» Extrait de Merci pour ce moment, de Valérie Trierweiler, Editions des Arènes.
• «Je con pran pa pk lé fot dortograf c mal.» Trouvé sur le Net, un clin d’œil cité par la linguiste Marinette Matthey dans ses cours.
• «Il a fallu qu’avec Madame Merkel nous rattraprions tout ce qui n’avait pas été fait.» Nicolas Sarkozy, lors d’une interview télévisée en 2011.
• «Des sanctions économiques […] doiv’être envisagées, doiv’être en tout cas préparées.» Le président Hollande
Vous en voulez encore ? Un compte Twitter hilarant spécialisé dans la «correction orthotypographique», @sijauraisuFR, s’amuse justement à les épingler ces politiques de l’Hexagone. Et de «Nicolas Sarkozy à Nadine Morano», qui sont d’excellents clients, «tout le monde est affiché!», selon Closer, qui en parlait en juillet dernier:
Toutes ces questions sont non seulement drôles, mais encore passionnantes, et le magazine romand les traite avec une large focale, qui dépasse largement la vision souvent morale (correct/pas correct) que l’on a de la langue. Car le français, dit son rédacteur en chef, Alain Jeannet, dans son éditorial, est bel et bien «déclassé», «et il ne faut pas trop compter sur les élites, les politiciens, les chefs d’entreprise, les chercheurs ou les sportifs pour défendre la langue française. Qu’il est loin le temps où de Gaulle et Mitterrand séduisaient par leur rigueur rhétorique.» (...)