Les pédiatres libéraux, à l'appel du syndicat SNPF, organisent lundi une "journée sans pédiatres" afin de demander des revalorisations d'honoraires et sensibiliser le public aux menaces de "disparition" qui pèsent, selon eux, sur leur profession.

Le Syndicat national des pédiatres français, qui revendique 1.800 adhérents sur quelque 2.744 pédiatres libéraux au total, appelle ces médecins spécialisés dans les soins aux bébés et enfants (jusqu'à 16 ans) à cesser le travail à partir de lundi 8H00 jusqu'au lendemain mardi 08H00.

Sont prévues: la fermeture des cabinets en ville, la "cessation totale d'activité" des pédiatres libéraux (secteur privé) exerçant dans les hôpitaux, cliniques et centres de Protection maternelle et infantile (PMI), et la "grève totale de la permanence des soins de ville et des astreintes et gardes en maternités privées".

"Au moins 75% des maternités seront fermées", a assuré le président du SNPF Francis Rubel. Selon lui, environ 37% des naissances annuelles (soit 275.400) se font dans les quelque 252 maternités privées.

"C'est un cri d'alarme que nous lançons: il faut que le public comprenne ce que sera la France sans les pédiatres, quand ils auront disparu", a-t-il expliqué.

Selon lui la profession n'est plus attractive, notamment sur le plan financier. "Les jeunes étudiants ne la choisissent plus", a-t-il déploré, estimant que la pédiatrie libérale perd chaque année 100 à 150 pédiatres (départs non remplacés).

"En 2010, si rien n'est fait, on aura 40% de pédiatres libéraux en moins", assure M. Rubel.

La profession a pourtant obtenu, en 2002, une revalorisation d'environ 5 euros de la consultation pour les enfants âgés de 0 à 2 ans, la portant à 28 euros.

En outre, à la faveur des négociations conventionnelles de décembre entre l'assurance maladie et les syndicats de médecins, les consultations passeront, courant 2005, de 28 à 30 € pour les enfants de 0 à 2 ans, et de 25 à 27 € pour les enfants plus âgés.

"On méprise la pédiatrie", répond le SNPF, pourtant affilié à la CSMF, l'un des trois syndicats à avoir signé le texte conventionnel du 23 décembre. Le syndicat juge en effet ces revalorisations insuffisantes aux regard de celles obtenues par les autres spécialistes et les médecins généralistes.

Selon l'accord qui sera formalisé début janvier, un ORL, par exemple, touchera un supplément de 4 euros dès lors qu'il examinera un patient de moins de 16 ans.

Les généralistes toucheront eux 25 € au lieu de 20 actuellement pour tout examen "complet" du nourisson (0-2 ans).

Aussi le SNPF demande-t-il une revalorisation non de 2 € mais de 4 €.

Il réclame aussi que l'astreinte de garde (nuit, week-end et jours fériés) des pédiatres libéraux exerçant en maternité soit rémunérée (de 150 € à 228,67 € selon les cas) comme c'est déjà le cas par exemple pour les gynécologues-obstétriciens.

Enfin le SNPF demande que les consultations du samedi après-midi faites dans le cadre de la permanence des soins soient rétribuées "comme un jour férié" comme c'est le cas pour les généralistes (majoration de 19,06 € en plus de la consultation).

Selon la Drees (ministères de l'Emploi et de la Santé) et la Carmf (caisse de retraite des médecins), un pédiatre percevait en moyenne entre 47.500 et 52.000 € de revenus nets annuels en 2000 et 2001. Il se situait en bas de l'échelle par rapport aux radiologues (187.462 € en 2000), chirurgiens (115.253) par exemple, et même par rapport aux généralistes (53.387).

Source : AFP

Date de publication (dans la source mentionnée): Lundi, 3. Janvier 2005