Les petits saignements dans le cerveau associés aux troubles cognitifs ?
- 952 lectures
Selon des chercheurs lillois, les microhémorragies cérébrales pourraient être impliquées dans la survenue de maladies neurodégénératives.
Les microhémorragies cérébrales sont de si petits saignements que « seuls les récents progrès de l’imagerie ont permis de les détecter », expliquent des chercheurs de l’Inserm. Et contrairement aux hémorragies cérébrales massives, l’impact de ces micro-saignements sur la santé n’est aujourd’hui pas connu. Autant le dire donc, il est très facile de passer à travers.
Pourtant ces petits écoulements seraient associés à la survenue de troubles cognitifs. « Leur présence est fortement associée aux démences et à leur sévérité. » Un lien de cause à effet déjà observé : « ces microhémorragies sont retrouvées chez environ 5% des individus en population générale, chez 35% à 85% chez les patients atteints de démence vasculaire et 16% à 32% chez les personnes souffrant de la maladie d’Alzheimer. »
Mais encore faut-il décrire précisément l’implication de ces saignements dans la fragilité cognitive. Pour ce faire, l’équipe du Pr Sophie Gautier* a « développé un modèle animal de microhémorragies ». Dans le détail, des micro-injections de collagénase, une protéine qui « induit des hémorragies », ont été effectuées chez des souris saines.
La mémoire visuelle et spatiale impactée
Après 6 semaines, les scientifiques ont évalué les compétences motrices et cognitives. « Les animaux traités se déplaçaient aussi bien que des souris témoins, indemnes de microhémorragies. Ils paraissaient même moins anxieux. » En revanche, « leur mémoire visuelle et spatiale était défectueuse. Et cette mémoire fait principalement appel à l’hippocampe, région du cerveau particulièrement affectée en cas de maladie d’Alzheimer ».
Autre point, une statine, « l’atorvastatine permet de limiter les pertes cognitives en cas de microhémorragies provoquées ». Et « d’obtenir des résultats aux tests quasiment équivalents à ceux des souris saines ». Mais chez l’Homme, « ce lien entre statine et cognition sont débattus et doivent être clarifiés ».
*unité 1171 Inserm/Université Lille 2/CHRU Lille, Troubles cognitifs et vasculaires, Lille