L’euthanasie va-t-elle à l’encontre de la culture palliative ?
- 835 lectures
TRIBUNE. Les médecins d’Unité et d’Équipe mobile de soins palliatifs du département du Nord témoignent de l’intentionnalité de leur mission, qui «n’est jamais d’abréger la vie mais de soulager les symptômes».
Tout commence par notre interrogation sur l’importance médiatique donnée à ceux qui défendent corps et âme la possibilité d’une dépénalisation (ou légalisation) de l’euthanasie. Révoltés par l’omniprésence d’un seul langage, qui fait appel à la projection et aux peurs, légitimes, que nous pouvons tous avoir quant à notre fin de vie, nous avons voulu faire part de notre témoignage de professionnels de santé habitués à l’accompagnement palliatif. C’est pour cela que TOUS les médecins d’Unité et d’Équipe mobile de soins palliatifs du département du Nord ont signé une déclaration stipulant, entre autres, que «l’euthanasie va à l’encontre de notre culture palliative.» Nous sommes des palliatologues, dont le métier consiste à soulager les symptômes d’inconfort et à faire «vivre le temps qu’il reste à vivre» aux patients et à leur famille, dans les meilleures conditions possible.
Mais c’est quoi, les soins palliatifs? Le docteur Thérèse Vanier, pionnière de notre spécialité dans les années 1970, les décrivait ainsi: «C’est tout ce qu’il reste à faire lorsqu’il n’y a plus rien à faire.» Dans l’imaginaire collectif, les soins palliatifs sont abusivement associés à la phase terminale de la maladie. En réalité, il n’existe aucune opposition entre soins curatifs (qui ont la visée de guérir) et soins palliatifs, mais au contraire une continuité, une complémentarité entre ces deux types de prise en charge.
«L’objectif est de ne pas maintenir de façon artificielle la vie, lorsque seul le confort du patient nous importe»
Les soins palliatifs sont présents dès le début de la maladie incurable, dès l’annonce du diagnostic (même si ceux-ci sont présentés autrement), et prennent une place croissante dans la démarche globale de soins, au fur et à mesure de l’évolution de la maladie, s’adaptant constamment à l’état du patient, à ses désirs, à ses besoins. L’objectif des soins palliatifs est d’obtenir un confort optimal pour des patients qui souffrent de pathologies graves évolutives et/ou terminales. Pour soulager les souffrances dites réfractaires, la loi Claeys-Leonetti de 2016 permet d’utiliser des thérapeutiques pouvant avoir un «double effet».
(...)